L’ancien directeur du Service des loisirs et de la culture perd sa cause
Le juge du Tribunal administratif du travail Bernard Marceau s’est rangé du côté de la Ville de Thetford Mines dans la cause l’opposant à son ancien directeur du service des loisirs et de la culture, Philip Thivierge. Ce dernier avait porté plainte en juillet 2016 à la suite de son congédiement pour harcèlement sexuel.
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Le magistrat a jugé que la preuve de l’inconduite du plaignant était pourtant accablante. Il a qualifié son attitude désinvolte comme une preuve qu’il considère la plainte de harcèlement contre lui comme frivole et fondée sur de fausses perceptions de la part de la victime.
«Son intention déclarée de s’amuser et non de vouloir harceler est peu pertinente et sa consommation d’alcool ne peut lui servir de défense, compte tenu de sa responsabilité de directeur et étant donné la preuve, notamment des textos, démontrant qu’il connaissait ou devait connaître la portée de ses gestes. […]Il ne réalise pas que son emploi de directeur implique des obligations lourdes de loyauté, de diligence et d’exemplarité. Sa conduite ou son inconduite à l’égard d’une secrétaire de son service en pleine période d’essai est incompatible avec sa fonction et ses responsabilités de directeur du service», peut-on lire dans le jugement.
Plainte pour harcèlement sexuel
Les gestes reprochés au plaignant sont survenus au cours de la soirée du 27 mai 2016. Un souper est organisé dans un restaurant de Saint-Pierre-de-Broughton pour souligner le départ à la retraite d’une collègue. Une quinzaine d’employés du Service des loisirs et de la culture y participent. Philip Thivierge s’y rend avec trois collègues, incluant sa secrétaire.
Il y a un échange de textos au cours de la soirée entre le plaignant et elle qui commence dans le badinage et le jeu, mais qui graduellement aboutit à une proposition de contact intime à 23 h 35, de la part du plaignant, alors que madame lui a déjà indiqué à plus d’une reprise que ses gestes d’attouchement ne sont pas désirés.
Après le restaurant, durant le trajet vers un bar de Thetford Mines, la femme sent le plaignant la toucher sciemment, elle sent qu’il lui flatte les côtes, la hanche et la cuisse malgré toutes les indications voulant que ces gestes ne soient pas désirés. Son comportement se poursuit ensuite au bar et même au retour à la maison. Le plaignant confiera d’ailleurs à un autre collègue à la fin de la soirée qu’il croyait être allé trop loin.
Au retour de la fin de semaine, soit le 30 mai, la victime, craignant de faire face à son supérieur, se rend à la Direction des ressources humaines pour leur faire part des évènements du 27 mai. Le plaignant est suspendu de ses fonctions aux fins d’enquête. Il adresse au maire et au directeur général une demande de pardon avec engagement au respect et avoue avoir eu une inconduite inacceptable.
Deux jours plus tard, la secrétaire dépose une plainte formelle de harcèlement sexuel conformément à la Politique de la Ville pour contrer le harcèlement en milieu de travail.
Congédiement
Une ressource externe reçoit alors le mandat de la Ville de Thetford Mines d’enquêter sur cette affaire et de lui faire un rapport. Les conclusions de l’enquêteur soutiennent que la preuve a démontré que la dame avait bel et bien subi du harcèlement sexuel.
«La preuve prépondérante démontre que ce comportement de M. Thivierge a porté atteinte à la dignité de madame et lui a causé un préjudice psychologique certain, le tout créant de conditions de travail défavorables puisqu’il est son supérieur immédiat», peut-on lire dans un extrait du rapport.
Philip Thivierge a reçu une lettre de congédiement le 21 juin 2016 de la part de la Ville. Un mois plus tard, il dépose une plainte en vertu de la Loi sur les cités et villes à l’encontre de son congédiement à titre de directeur du Service des loisirs et de la culture. Le 12 janvier dernier, le Tribunal administratif du travail a finalement donné raison à la Ville dans ce dossier.