Une passion dédiée à la sauvegarde du cheval Canadien

Leur projet de retraite s’est transformé en mode de vie. Il y a 16 ans, Nathalie Durocher et Sylvain Huot ont acquis une petite ferme et une parcelle de terre dans le secteur de Sacré-Cœur-de-Marie à Adstock. Aujourd’hui, ils se consacrent à la préservation du cheval Canadien, un trésor du patrimoine agricole québécois.

Les deux policiers travaillant à Montréal avaient commencé leurs démarches dans les Cantons-de-l’Est, dont ils sont tous deux originaires. Cependant, en raison des prix élevés des propriétés dans cette région, ils ont dû élargir leur champ de recherche. « Nous voulions un grand terrain et nous n’y trouvions pas ce que nous cherchions selon notre budget. J’ai vu une annonce pour une fermette sur le rang Turgeon à Sacré-Cœur-de-Marie. Nous sommes allés la visiter, il y avait un petit pâturage et une écurie, mais il n’y avait pas de boisé. »

Lors de leur passage, le couple a visité une autre propriété le long de la même route. « Bien qu’elle n’était pas à vendre, le propriétaire nous a montré les lieux et nous avons immédiatement été séduits. L’endroit avait tout ce que nous recherchions. J’ai eu un coup de cœur en me promenant dans l’érablière. Le propriétaire a évoqué la possibilité de vendre et nous avons fait une offre au prix demandé. Elle a été acceptée sur le champ », raconte Mme Durocher. 

La terre ne répondait pas au critère de se situer à moins d’une heure et demie de Montréal, où ils travaillaient encore. De plus, la maison nécessitait d’importants travaux. Malgré cela, ils ont eu un coup de foudre immédiat, aussi séduits par la vue et le paysage environnant. « Nous avons fait le sacrifice de faire la route chaque fin de semaine jusqu’à notre retraite, il y a quatre ans. »

Quelques années plus tard, ils faisaient aussi l’acquisition d’une seconde fermette située tout près, où leurs vaches et leurs volailles sont aujourd’hui hébergées.

ÉLEVAGE ÉQUIN

Ils rêvaient de posséder leur propre élevage équin, un projet qu’ils ont concrétisé l’année suivant l’achat de la fermette en accueillant leur premier cheval, nommé Uhlan. Le nom de leur élevage, le Clos d’Uhlan, est d’ailleurs un hommage à ce premier cheval. Les propriétaires ont eu la chance de bénéficier de l’aide de leur voisine, qui s’est occupée de surveiller les chevaux jusqu’à leur déménagement définitif en 2020.

Nathalie Durocher côtoie et monte des chevaux depuis l’enfance, mais c’est en travaillant à la cavalerie du Service de police de la Ville de Montréal qu’elle a vraiment découvert la race du cheval Canadien et développé une passion pour celle-ci. Il était donc naturel pour elle de se tourner vers ce type d’élevage. « Ce sont des chevaux qui ont un très bon tempérament. Ils sont dociles et calmes. Avec le projet que nous avions, étant donné que nous n’étions pas ici à temps plein, nous avions besoin d’une race rustique capable de survivre à l’hiver. Ce ne sont pas des peureux non plus. Ce n’est pas pour rien qu’ils étaient utilisés par la police », explique-t-elle.

Selon la Société des éleveurs de chevaux Canadiens, des bêtes ont été envoyées en Nouvelle-France entre 1665 et 1671 pour répondre aux besoins militaires et commerciaux. Quelques colons en obtinrent également pour en faire l’élevage. Seuls les plus forts, les plus endurants, les plus vaillants et les plus rustiques ont survécu. Ces chevaux se sont progressivement adaptés au climat rigoureux et aux lourdes tâches qui leur étaient assignées. Au fil des décennies, et 100 ans plus tard, une race distincte a émergé : le cheval Canadien-Français.

Malgré son utilisation historique pour les travaux agricoles et le transport, il se retrouve de plus en plus dans les disciplines du dressage, du saut d’obstacle ainsi que dans celles plus traditionnelles. « Avec le temps, sa génétique a légèrement évolué et une nouvelle lignée a fait son apparition. Le cheval Canadien original était petit et costaud, mais maintenant certains sont plus grands et élancés. Ils sont devenus plus athlétiques. Dans notre élevage, nous avons un mélange des deux lignées », indique Nathalie.

Le Clos d’Uhlan héberge actuellement six chevaux, soit Palmer (un étalon de 20 ans avec plus de 40 rejetons à son actif), Uhlan (18 ans), Unik (18 ans), Faith (6 ans), Kayla (1 an) et Love (1 mois). « Nous avons atteint notre capacité maximale, car nous souhaitons maintenir un élevage à petite échelle. L’objectif est de trouver de bonnes familles respectueuses et aimantes pour les acheter, car nous ne pouvons pas les garder tous éternellement. C’est malheureusement le prix à payer pour un éleveur. On s’y attache parce qu’on les voit naître chez soi. C’est pourquoi il est important de trouver les bonnes personnes à qui les confier. »

Outre les chevaux, la fermette abrite également des vaches canadiennes ainsi que des poules et coqs Chantecler, deux autres races patrimoniales du Québec. De plus, leur chienne Astra, un Berger australien, a récemment donné naissance à une portée. Les personnes intéressées par l’acquisition de l’un de ces animaux sont invitées à contacter les propriétaires via Messenger (Facebook Clos d’Uhlan) ou par téléphone au 514-826-4551.