René Doyon reçoit la plus haute distinction scientifique du Québec
Le Thetfordois d’origine René Doyon figure parmi les 17 personnes lauréates des Prix du Québec 2024. Il s’agit de la plus haute distinction décernée par le gouvernement du Québec dans les domaines de la culture et de la science. Elle vise à reconnaître le parcours exceptionnel de citoyens ayant contribué à l’essor de leur domaine, à la transmission de la connaissance et au rayonnement de la province à travers le monde.
René Doyon est un astrophysicien renommé, spécialiste des exoplanètes. Professeur en physique à l’Université de Montréal et directeur de l’Observatoire du Mont-Mégantic, il a développé des instruments clés pour l’observation spatiale, notamment pour le télescope James Webb. Ses travaux sur l’imagerie à haut contraste ont permis des découvertes majeures, comme la première photographie d’un système planétaire multiple en 2008. Il a également contribué à des avancées cruciales dans la détection d’exoplanètes et la recherche de signes de vie au-delà de notre système solaire.
« C’est toujours une surprise de recevoir des prix aussi prestigieux. Je suis vraiment honoré. Ce qui est ressorti fortement, c’est mon implication sur le télescope spatial James Webb depuis maintenant plus de 20 ans. À l’époque, il devait être lancé en 2008. Ce projet a connu tellement de défis et de rebondissements que cela a finalement eu lieu en 2021. J’ai fait d’autres choses en parallèle, mais James Webb a vraiment marqué ma carrière. Il a dicté certaines directions à prendre au sol pour justement profiter de l’opportunité scientifique qu’il représente. Maintenant, nous travaillons en étroite synergie avec celui-ci », a mentionné M. Doyon au Courrier Frontenac.
Le télescope spatial comprend quatre instruments afin d’analyser la lumière pour en faire des images ou encore de la spectroscopie pour étudier les astres. « Depuis 2012, j’étais le chercheur principal canadien pour l’un d’entre eux. Il s’agit en fait de deux instruments en un. Nous retrouvons un système de guidage assurant le pointage fin du télescope, qui est absolument critique pour les observations, et, de l’autre côté, il y en a un de nature plus scientifique qui fait plein de choses. Il y a notamment un mode d’observation spécialisé pour l’étude des atmosphères d’exoplanètes qui, depuis deux ans, est devenu l’un des plus utilisés. Cela représente une étape importante dans la grande quête de trouver de la vie ailleurs. »
M. Doyon a expliqué qu’au tout début du projet, ce type d’observation n’était pas planifié. « La première exoplanète a été détectée en 1995. Cela commençait à peine. Cette justification scientifique s’est développée au fil du temps et c’est moi qui ai proposé de faire ces modifications pour en arriver à l’instrument que nous avons aujourd’hui. Ce fut un travail de longue haleine. »
L’astrophysicien accueille le prix Marie-Victorin que lui accorde le gouvernement du Québec avec beaucoup d’humilité. « Il y a toute une équipe derrière moi qui a contribué à tout cela. Je me sens un peu comme le maestro d’un orchestre scientifique. Je suis très honoré d’avoir pu m’impliquer dans ce projet et je le dois en grande partie à l’Observatoire du Mont-Mégantic, où est née l’astronomie infrarouge. J’ai été parmi les premiers dans ce domaine de recherche. »
René Doyon rêve maintenant de participer à la découverte d’une atmosphère sur une planète tempérée avec le télescope James Webb. « Actuellement, nous sommes capables de détecter l’atmosphère des grosses planètes comme Jupiter et Jupiter chaude, mais nous n’avons pas encore réussi à le faire pour une planète tempérée qui se trouve dans la zone habitable, c’est-à-dire ni trop près ni trop loin de l’étoile, où l’on peut espérer trouver de l’eau liquide à la surface. Nous avons publié il y a quelques mois un premier résultat qui montre un indice que nous aurions peut-être détecté la présence d’une atmosphère autour d’une planète, alors cela va prendre d’autres observations et c’est justement ce que je suis en train de faire avec des collègues américains. Nous préparons une demande de temps qui s’échelonnera sur plusieurs années pour confirmer tout cela. Ce sont mes principaux objectifs à court et à moyen terme. »
Dans la foulée de tous ces projets, René Doyon a réussi à créer l’Institut de recherche Trottier sur les exoplanètes. « Le but à long terme est de trouver de la vie ailleurs. Je suis assez fier de la mise en place de cet institut, car il s’agit certainement du plus important au Canada. Nous n’avons rien à envier aux meilleurs qui se trouvent un peu partout dans le monde. Nous sommes très bien positionnés dans cette grande quête scientifique », a-t-il conclu.
La cérémonie de remise des prix aura lieu le 29 octobre au Musée national des beaux-arts du Québec. Plus de 550 000 $ en prix et bourses seront remis aux personnes lauréates lors de cet événement.