Mobilisation citoyenne pour la protection du lac Caribou à Coleraine
Un comité de mobilisation citoyenne demande à la Municipalité de Saint-Joseph-de-Coleraine de refuser le développement de 24 lots au lac Caribou. Les six membres qui le composent, et qui possèdent une propriété à cet endroit, se disent préoccupés par les impacts négatifs de ce projet. Ils souhaitent que les élus s’engagent à mettre en place des mesures pour protéger la biodiversité, la qualité de l’eau et les écosystèmes.
Il faut se rappeler que le projet est dirigé par l’homme d’affaires André Bernard de Thetford Mines. Il doit être réalisé en association avec la Société Asbestos, propriétaire de l’immense terrain, et son président, Guy Bérard.
Les retombées économiques sont évaluées à 30 millions $. Les terrains en question devraient avoir une superficie allant de 44 000 à 126 000 pieds carrés. Le prix de vente le plus élevé pourrait se chiffrer à plus de 500 000 $.
D’après le comité de mobilisation citoyenne, le déboisement prévu pour l’aménagement de la route d’accès et la construction des 24 résidences occasionnera de l’érosion en raison de la présence de pentes très abruptes et du ruissellement des eaux. « Si beaucoup d’arbres sont coupés, malheureusement, les sédiments se retrouveront au fond du lac. Il ne faut pas oublier que ce sont des terrains miniers. Il y aura un déversement inévitable de métaux lourds », a mentionné au Courrier Frontenac l’un des représentants, Patrick Hamel.
D’après une étude réalisée par le Regroupement des associations pour la protection de l’environnement des lacs et des bassins versants (RAPPEL), dont le rapport n’est pas encore rendu public, mais dont M. Hamel affirme avoir pu obtenir quelques lignes, le projet domiciliaire envisagé serait situé dans une zone sensible en raison de la dénivellation importante du site et/ou de ceux à proximité. « Même si le promoteur dit qu’il va faire plus que ce qui lui sera demandé pour protéger le lac, celui-ci va quand même se remplir de sédiments. »
Il soutient également être préoccupé par l’état de vieillissement du lac Caribou. « Si nous ajoutons 37 % de nouvelles constructions, c’est sûr que cela va continuer et même s’accélérer. »
Selon une étude réalisée par Gestizone Caractérisation écologique en juin 2023 et financée par le promoteur, dont le comité aurait pris connaissance, la Paruline du Canada, un oiseau susceptible d’être menacé ou vulnérable, aurait été observée dans la zone de développement. « Il est important de préserver les milieux humides ainsi que les espèces en voie de disparition. Y en a-t-il d’autres? Actuellement, les études réalisées au lac Caribou ne sont pas complètes. Il est important d’aller jusqu’au bout avant de dire oui au projet », a soutenu Patrick Hamel.
Pour toutes ces raisons, le comité de mobilisation citoyenne demande à la Municipalité de Saint-Joseph-de-Coleraine de mettre en place différentes mesures pour protéger l’écosystème du lac en créant une réserve naturelle. « Cela peut se faire par le don ou la vente des terrains par la Société Asbestos à un organisme de conservation. Les mines sont présentes et ont fait beaucoup de dommages qui sont toujours visibles. Elles n’ont jamais encouragé l’écologie de notre secteur. […] Ce serait un très bon geste de remettre cela à la société afin de protéger notre lac qui est encore en bonne santé, malgré son vieillissement. »
Selon lui, les résidents du lac Caribou n’ont pas apprécié les propos de M. Bérard dans un article paru dans le Courrier Frontenac du 3 juillet dernier affirmant que « les citoyens devraient être beaucoup plus préoccupés par leurs installations septiques désuètes qui nuisent à l’ensemble du lac, plutôt que par celles de leurs futurs voisins ». « Il y a plusieurs années, la Municipalité a exigé de nouvelles installations, ce qui a été fait. S’il y en a qui ne sont toujours pas conformes, c’est à elle de faire son travail et d’envoyer des avis aux propriétaires concernés. »
Au moment d’écrire ces lignes, le comité n’avait pas eu de discussions avec la Municipalité. « Présentement, elle ne veut pas en parler. Nous avons demandé à obtenir le rapport du RAPPEL et nous attendons encore des réponses. Nous sommes aussi toujours en attente d’une réunion qui devait avoir lieu à la mi-juillet et qui serait repoussée à la mi-septembre. Il n’y a pas eu non plus d’échanges avec le promoteur », a dit M. Hamel.
Notons qu’une pétition en ligne et en version papier est en cours depuis déjà quelques semaines. Plus de 450 signatures auraient été obtenues en date du 13 août.
RÉACTION DU MAIRE
Appelé à réagir le 8 août dernier, le maire de Saint-Joseph-de-Coleraine, Gaston Nadeau, a répondu que son administration n’avait toujours pas reçu les recommandations de la firme de génie-conseil Pluritec qui analyse le rapport rédigé par le RAPPEL concernant les impacts liés au projet. « Lorsque nous les obtiendrons, nous soumettrons nos demandes au promoteur et les présenterons par la suite aux membres de l’Association du lac Caribou et à l’ensemble des citoyens. La décision devrait aboutir en septembre. »
M. Nadeau a indiqué que son administration travaille en toute transparence dans ce dossier. « Nous voulons, autant que n’importe qui, que l’environnement du lac Caribou soit respecté. Nous œuvrons en ce sens. Nous ne brûlons pas les étapes. Les membres du conseil étudient le projet sérieusement. »