Membre des Black Bears de l’Université du Maine : une troisième saison à la hauteur pour Jordane Pinette
À sa troisième saison avec l’équipe de soccer des Black Bears de l’Université du Maine en première division de la NCAA, la Thetfordoise Jordane Pinette se distingue avec une fiche impressionnante de cinq buts et deux passes en 15 matchs. Ses cinq buts gagnants placent l’athlète de 21 ans, qui ne se destinait pourtant pas à jouer à un tel niveau, au deuxième rang national dans cette catégorie.
Elle a commencé à jouer au soccer à Thetford Mines à l’âge de six ans. Deux ans plus tard, elle poursuivait son apprentissage au niveau compétitif avec le Kommando. À l’été 2016, elle a été sélectionnée pour intégrer l’équipe de la Chaudière-Appalaches à l’occasion de la 51e Finale des Jeux du Québec à Montréal, où son talent a attiré l’attention d’autres équipes. « J’ai participé aux sélections de Soccer Québec dans le but d’intégrer l’équipe provinciale. Nous faisions les allers-retours Thetford-Montréal, mais à 13 ans je me sentais trop jeune et je n’étais pas prête à quitter ma famille pour vivre loin de chez moi. J’ai donc pris la décision de me retirer », explique Jordane.
Son entraîneur aux Jeux du Québec lui avait proposé de rejoindre les Rapides de Chaudière-Ouest, une équipe de Lévis évoluant dans la catégorie AAA, un calibre supérieur à celui offert par le Kommando. Elle a saisi cette opportunité pour progresser dans un niveau plus compétitif. Au fil de son parcours, elle a été nommée athlète féminine de l’année de l’association de Chaudière-Ouest et a terminé une saison au sommet des buteuses avec 27 buts en 20 matchs. Cette performance lui a valu le Soulier d’Or de la Ligue de soccer élite du Québec (LSEQ) dans la catégorie U16 et une nomination comme athlète féminine de l’année AAA de l’Association régionale de soccer de Québec (ARSQ).
Elle a fait partie des Rapides jusqu’à son départ aux États-Unis en 2022. Au cours des années, elle a aussi joué au soccer à la Polyvalente de Black Lake et au Cégep de Sainte-Foy où elle a remporté le titre de recrue de l’année en 2021, ainsi que l’or aux provinciaux et l’argent aux nationaux avec son équipe. Elle avait également suivi une session au Cégep de Thetford durant l’hiver 2022, où elle avait joué avec les Filons.
Alors qu’elle évoluait avec Chaudière-Ouest, elle a été remarquée par l’agence sportive Sports Ambitions, qui voyait en elle le potentiel de jouer pour une université américaine. « À partir de là, le processus avec les écoles s’est amorcé pour voir ce qu’elles avaient à offrir. Nous étions encore en période de pandémie, donc c’était difficile pour moi d’aller les rencontrer sur place. Avec le Maine, je n’avais pas besoin de prendre l’avion, donc c’était plus facile. J’ai visité leurs installations et c’est l’école que j’ai choisie. J’avais aussi parlé à d’autres universités situées en Floride et au Wisconsin, mais c’est avec le Maine et leurs entraîneurs que ça avait cliqué. »
La proximité entre Thetford Mines et le campus d’Orono, situé à un peu plus de cinq heures de route, permettait également à sa famille de venir la voir et d’assister à ses matchs locaux.
PÉRIODE D’ADAPTATION
La première saison de Jordane avec les Black Bears a été marquée par une période d’adaptation, autant sur le plan sportif que scolaire. « Tout était nouveau pour moi, puis je ne connaissais pas beaucoup l’anglais. Souvent, lors des pratiques, mes coéquipières me parlaient et mes entraîneurs me donnaient des conseils, mais je ne les comprenais pas », se rappelle l’attaquante.
Le style de jeu était aussi fort différent de ce qu’elle avait connu au Québec où l’accent est mis sur la technique. Aux États-Unis, le jeu est plus physique et plus rapide. Par ailleurs, en première division de la NCAA, il est plutôt rare que les recrues obtiennent beaucoup de temps de jeu. Jordane avait amorcé cinq matchs et était apparue dans huit rencontres, jouant 328 minutes au total et inscrivant deux passes. Elle avait néanmoins été nommée sur l’équipe d’étoiles des recrues de la conférence America East.
Malgré l’adaptation qui était derrière elle, l’athlète a trouvé difficile sa deuxième saison lors de laquelle elle n’a commencé que trois parties et est apparue dans 15 rencontres, pour un total de 549 minutes. Elle avait marqué un but et ajouté une passe, en plus d’être nommée la joueuse de la semaine de la conférence à une reprise.
« C’est compliqué à expliquer, mais il y a des moments où tout va bien, tu joues à la hauteur de ce que tu veux et par la suite, quand ça va moins bien, c’est plus dur revenir parce que tu vois ton temps de jeu rapidement diminuer. C’est difficile mentalement, surtout à ce niveau où toutes les filles autour de toi sont bonnes et méritent leur place. C’est vraiment une compétition à savoir qui va se démarquer pour obtenir du temps de jeu. À ta première année, tu as moins d’attentes, alors qu’à ta deuxième tu veux en faire plus. Je n’ai pas eu une mauvaise saison et j’ai eu de bons moments, mais ce fut difficile pour moi de me faire une place et quand ça allait moins bien ce n’était pas évident de m’en sortir. »
En 2023, les Black Bears ont remporté le championnat de conférence, une première dans l’histoire de l’université.
UNE NOUVELLE APPROCHE
Jordane connait cette année une troisième saison à la hauteur de ses aspirations. Jusqu’ici, elle a amorcé les 15 matchs, pour un total de 835 minutes. Elle présente également des statistiques intéressantes, se retrouvant au deuxième rang de son équipe avec 12 points (cinq buts comptant pour deux points chacun ainsi que deux passes comptant pour un point). Elle a été nommée la joueuse offensive de la semaine dans la conférence. De plus, l’un de ses buts est devenu viral sur les réseaux sociaux.
« J’ai battu des records personnels et j’ai l’impression que j’ai trouvé mon rôle dans l’équipe. Je marque des buts importants, puis je suis en mesure de prendre ma place et je ne crains pas d’essayer de nouvelles choses. J’ai la confiance que je n’avais pas les autres saisons et c’est ce qui a tout fait débloquer. »
Elle attribue également son succès à une nouvelle approche dans sa préparation aux matchs. « L’un de mes objectifs cette année était d’en faire plus. Nous pratiquons du mardi au samedi à 6 h 45 du matin, parfois même à 6 h. Nous avons nos parties les dimanches et un congé les lundis, puis il y a les cours qui sont aussi exigeants. J’ai trouvé un moyen de participer à des séances individuelles pour travailler différentes techniques. Je regarde aussi les vidéos de mes matchs. Nous avons la chance d’avoir une entraîneuse qui nous fait un montage de nos rencontres et qui nous conseille sur comment nous pourrions nous améliorer. Cela m’aide vraiment beaucoup parce que je sais maintenant quoi mettre en œuvre pour devenir meilleure. »
L’Université du Maine présente une fiche de onze victoires, une défaite et trois nulles. Elle trône au sommet de la conférence America East comprenant plusieurs écoles de la côte-est américaine, ce qui la qualifie pour le championnat d’après saison qui s’amorcera ce jeudi 7 novembre contre l’Université du Massachusetts à Lowell. Les Black Bears espèrent défendre leur titre obtenu l’année dernière.
L’étudiante en marketing et en gestion du sport sera de retour en 2025 pour sa quatrième saison dans la NCAA. Elle pense bien qu’il s’agira de ses derniers moments au soccer compétitif. « Je n’en reviens pas que ce sera déjà la fin l’an prochain. Je ne crois pas poursuivre par la suite. J’ai déjà accompli plus que ce que je croyais possible. Quand j’étais plus jeune, jamais je n’aurais pensé jouer dans un autre pays, obtenir une bourse pour étudier aux États-Unis et apprendre une autre langue. J’ai profité des opportunités qui se sont présentées à moi et je suis heureuse de l’avoir fait. J’ai hâte de commencer ma vie future et ma carrière. C’est ce sur quoi je souhaite me concentrer après mes études », conclut-elle.