L’entreprise thetfordoise Aéro 5 prend son envol
L’entreprise Aéro 5 de Thetford Mines est en plein essor. Spécialisée dans l’entretien de petits aéronefs depuis janvier 2022, elle dessert une clientèle principalement composée de propriétaires d’avions privés et a obtenu dernièrement son certificat d’organisme de maintenance agréé (OMA).
Selon Julie Perreault, qui a démarré le projet avec ses collègues Alain Roberge et David Trépanier, cet agrément délivré par Transport Canada permettra à Aéro 5 d’acquérir une plus grande part de marché. « Nous sommes les premiers en Chaudière-Appalaches à le détenir. Nous pouvons maintenant étendre notre offre aux écoles de pilotage et de parachutisme ainsi qu’aux clients commerciaux, ce qui ne nous était pas permis avant. Nous pouvons travailler dans les hangars de nos clients, mais plusieurs peuvent aussi se déplacer directement au bâtiment que nous louons à l’aéroport de Thetford Mines. »
Cette certification assurera également aux propriétaires une régularité d’emploi. « Nous avons une trentaine de clients privés. À moins qu’ils aient des réparations à nous confier, en principe, nous les voyons une seule fois par année pour l’inspection obligatoire. En ajoutant par exemple une école de pilotage possédant généralement plusieurs avions, s’ils sont utilisés fréquemment, une maintenance aux 50 heures, aux 100 heures, puis aux 200 heures de vol est requise. Nous pouvons les voir de cinq à dix fois par année, plutôt qu’une seule. »
Cette croissance anticipée devrait être bénéfique pour l’aéroport qui verra, d’après Mme Perreault, son achalandage augmenter. « Je vous dirais que c’est même déjà commencé. Les gens qui viennent ici pour la maintenance de leur appareil utilisent les postes à essence sur le site et mangent au restaurant. C’est un bel avantage. »
L’idée de départ
Les propriétaires d’Aéro 5 ont décidé d’unir leurs forces à la suite de la fermeture de l’école de pilotage de Saint-Frédéric-de-Beauce en décembre 2021. « Nous étions tous les trois à l’emploi de Grondair Aviation, a dit Mme Perreault. Quand ils ont mis le personnel d’entretien d’aéronefs à pied, l’idée de démarrer notre propre entreprise a mijoté et nous avons choisi de nous installer à l’aéroport de Thetford Mines parce qu’il y a un bassin d’avions privés, mais aussi en raison des petits aérodromes gravitant autour et qui n’ont pas ce type de service. »
Pour le moment, les techniciens Alain Roberge et David Trépanier sont en mesure de suffire à la demande. Si le besoin en main-d’œuvre se faisait sentir, Mme Perreault reconnaît que le recrutement représenterait un réel défi. « Embaucher des gens qualifiés dans ce domaine, en région, ce n’est pas facile. Il faut souvent aller les chercher à l’extérieur. Éventuellement, cela fait partie de nos plans de nous jumeler avec des établissements d’enseignement pour susciter l’intérêt des jeunes aux études en aviation en vue de l’obtention d’une licence de Transport Canada. Nous aimerions leur expliquer qu’il y a du travail ici, surtout avec Laflamme Aéro de Saint-Joseph-de-Coleraine qui est en expansion. Nous les encouragerons à réaliser leurs études, notamment à Saint-Hubert où se trouve la plus grande école, puis à revenir travailler dans la région. Nous verrons ce qu’il est possible de faire pour y parvenir dans le futur. »
Hausse d’achalandage à Thetford
Le responsable de l’aéroport de Thetford Mines, Étienne Vachon, estime lui aussi que les activités de l’entreprise Aéro 5 contribueront à la hausse de l’achalandage dans les années à venir. « Les propriétaires sont motivés et motivants. Ils gagnent à être connus. Ils sont toujours prêts à aider. Quand l’école de pilotage a fermé à Saint-Frédéric-de-Beauce, je leur avais dit que ce serait bien de faire quelque chose ici. J’avais besoin de ce type de service pour justement attirer de la clientèle. À leur arrivée, certains pilotes étaient réticents de laisser tomber leur mécanicien au profit d’une toute nouvelle entreprise. Ils craignaient une fermeture au bout d’un an. Je crois que si nous voulons développer l’aéroport, nous devons nous entraider et mettre l’épaule à la roue. »
M. Vachon est d’avis que la région en ressortira gagnante elle aussi. « Les gens qui vont venir ici pour de la maintenance ou pour des réparations ne vont pas nécessairement demeurer sur place une journée au complet à attendre. De plus, des écoles de pilotage et des compagnies offrant des vols nolisés vont désormais connaître l’entreprise et ainsi découvrir notre territoire. »
Beaucoup d’argent investi
Depuis les dernières années, de nombreux efforts ont été entrepris afin de développer davantage l’aéroport. « Ça fait cinq ans que je suis en poste et que je travaille afin d’augmenter l’achalandage qui tourne autour de 5800 passages par année. Nous avons organisé en 2022 et en 2023 le Rendez-vous aérien de Thetford qui a connu un bel engouement », a dit M. Vachon.
Environ 650 000 $ ont également été investis pour réaliser différents travaux financés, entre autres, par le gouvernement du Québec et la Ville de Thetford Mines. « La fenestration du bâtiment principal a été changée et le revêtement extérieur a été refait. De nouvelles pompes à essence ont été installées. Les fissures se trouvant sur la piste ont été colmatées à 80 % cet été. De plus, nous avons procédé au prolongement de la voie de circulation (communément nommée taxiway dans le langage aéronautique), puis nous avons aménagé sept nouveaux terrains pouvant accueillir des hangars supplémentaires », a expliqué M. Vachon.
Au moment d’écrire ces lignes, des travaux massifs de bûchage étaient en cours afin de créer un dégagement autour de la piste. « Les arbres matures étaient rendus trop près et cela a fait en sorte que nous avons perdu notre certification entourant la technologie GPS permettant de mieux guider les pilotes lors de leur approche finale. Nous sommes limités par rapport aux types d’appareils pouvant se présenter ici. Les travaux sont sur le point de prendre fin. Ça fait pratiquement trois ans que nous travaillons là-dessus. C’est un long processus. Nous devrions obtenir à nouveau notre certification auprès de NAV Canada au cours du printemps », a-t-il dit.
Le responsable de l’aéroport estime que la région possède une richesse et que le potentiel de développement est bien présent. « Je suis conscient qu’il y a actuellement un manque d’instructeurs au Québec en raison de la pénurie de pilotes, mais j’aimerais bien un jour qu’il y ait une école de pilotage à Thetford Mines. Ça fait longtemps que je souhaite que cela se concrétise. De plus, je rêve de voir arriver un gros appareil à notre aéroport. Nous voyons à l’occasion des dirigeants d’entreprise atterrir ici, mais des gens d’affaires demeurant dans la région pourraient eux aussi se déplacer en direction de Montréal ou Toronto à partir de notre installation. Je crois qu’il y aurait la possibilité de développer ce volet davantage », a-t-il conclu.