Grève dans le secteur public
Environ 420 000 travailleurs du Front commun œuvrant dans le secteur public en éducation et en santé, dont plusieurs centaines dans la région de Thetford Mines, étaient en grève lundi matin, forçant ainsi la fermeture de plusieurs établissements d’enseignement et le ralentissement des activités dans le réseau des services sociaux.
Sans contrat de travail depuis le 31 mars, les syndiqués ont décidé de manifester leur mécontentement entourant la plus récente offre salariale présentée par le gouvernement du Québec. Celle-ci prévoit une hausse salariale de base passant de 9 % à 10,3 % sur cinq ans, une offre différenciée pour certains employés qui passerait de 2,5 % à 3 %, ainsi qu’une offre forfaitaire de 1000 $ représentant une augmentation de 1,5 %. Les syndicats demandent quant à eux une hausse d’environ 20 % sur trois ans.
À Thetford Mines, les cours et les services administratifs au Centre de services scolaire des Appalaches étaient interrompus jusqu’à 10 h 30. Le transport scolaire du matin a aussi été affecté, tout comme les services de garde.
« La dernière offre patronale ne comprenait pas grand-chose de plus que les précédentes. C’est pour cela que nous ne sommes pas contents. Nous voulons démontrer au gouvernement que nous sommes en colère et qu’il faut que les négociations avancent », a mentionné la présidente du Syndicat de l’enseignement de l’Amiante, Geneviève Fortier.
Pour sa part, la présidente du syndicat local du personnel de soutien, Manon Truchon, a ajouté qu’il est de plus en plus difficile de retenir la main-d’œuvre. « Il y a de nombreuses années, nos membres avaient de belles conditions de travail, mais avec le temps elles se sont détériorées. Il manque encore du personnel et plusieurs décident de quitter le milieu. Améliorer nos conditions, cela veut dire des gens plus heureux et du personnel stable. Au final, c’est gagnant. »
La présidente du SEA reconnait que la grève peut déranger plusieurs personnes. « En même temps, les parents comprennent nos conditions de travail. Ils le voient bien que le système public ne fonctionne pas et qu’il est en train de tomber en morceaux », a dit Geneviève Fortier.
Au Cégep de Thetford, l’établissement était fermé entre 8 h et midi. Les entrées principales du stationnement ont été bloquées et seulement le centre de conditionnement physique était accessible pendant cette période via le boulevard Lemay.
« Nous croyons en nos demandes et qu’elles sont justifiées. La dernière offre salariale est dérisoire. Pour nous, l’enjeu majeur est la précarité d’emploi. Environ 40 % de nos membres n’ont pas de poste permanent. Tous les départements ont un ou deux employés à statut précaire », a déclaré le président du syndicat des enseignants et enseignantes, Martin Cloutier.
Dans le milieu de la santé, les préposés aux bénéficiaires, divers professionnels œuvrant en santé et en services sociaux ainsi que du personnel administratif ont exercé leur droit de grève, et ce, tout en maintenant les services essentiels.
« Les gens sont en colère et déçus. Ils travaillent tellement fort sur le plancher, souvent en sous-effectifs, et le gouvernement offre des conditions misérables. Il faut qu’il devienne un employeur de choix », a soutenu Laurence Gaudreault-Tremblay du Front commun.
Son confrère Alain Fafard a ajouté qu’il y a beaucoup d’exode vers le privé. « Le salaire n’est plus compétitif. De plus, dans le privé, le temps supplémentaire obligatoire n’existe pas. Nos gens sont confrontés à devoir choisir entre leur famille ou travailler. Ils sont à bout. »
Le Front commun a annoncé lundi matin une deuxième séquence de débrayage qui se tiendra pendant 72 heures du 21 au 23 novembre. « Nous n’avons pas le goût de faire la grève, mais c’est le seul moyen que nous avons pour faire entendre raison au gouvernement. Est-ce que l’on va se rendre jusqu’aux prochaines journées prévues? J’espère que non parce que ce n’est pas l’objectif », a précisé la représentante syndicale Nancy Côté.
Précisons que les infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec seront en grève mercredi et jeudi.