Des promoteurs immobiliers se sentent pris en otage

Les promoteurs associés à la construction de 48 logements abordables derrière le restaurant St-Hubert à Thetford Mines, David et Jessica Vincent de DJV Immobilier ainsi que Raphaël Gagné de Property Peak Performance, pressent le gouvernement du Québec d’agir et de leur offrir les outils nécessaires afin de permettre une fois pour toutes la réalisation de ce projet. Ils se sentent pris en otage entre la Société d’habitation du Québec (SHQ), qui met en œuvre des programmes et des services en matière d’habitation, et le politique.

Ce projet, qui se chiffre globalement à plus de 13,7 millions $, a été confirmé en juin 2022 et les travaux devaient se mettre en branle pour une livraison le 1er juillet 2023. Or, absolument rien n’a bougé sur le terrain depuis tout ce temps.

Des modifications apportées au cadre normatif du nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) se font toujours attendre. Une nouvelle version devrait être présentée avant les Fêtes, aux dires de M. Vincent qui ne cache pas son impatience face à la situation. « Le programme n’était pas prêt. Ce n’est pas viable actuellement. Ça fait un an et demi que nous patientons. Notre entreprise a dépensé plus de 200 000 $ dans ce projet pour que les travaux puissent s’exécuter rapidement, et ce, à la demande du gouvernement. La lourdeur administrative fait en sorte que ça ne débloque pas. Je suis vraiment déçu. Avoir su que le processus était pour être si long, j’aurais réfléchi avant d’embarquer dans un projet comme celui-là. »

M. Vincent a affirmé que son entreprise et ses partenaires ont levé la main afin de répondre à la demande en logements abordables qui est criante dans la région. « C’est décevant la manière dont cela se passe parce que notre but était de redonner aux gens qui ont besoin d’un toit. Il n’y aura pas de rentabilité de rattachée à cela. »

Il espère que la subvention accordée provenant du PHAQ finira pas être réajustée au bon pourcentage et que le projet puisse enfin démarrer. « Les plans sont prêts, nous avons le financement et tous les permis requis. J’ai des entrepreneurs locaux qui attendent que le chantier commence. Le plus drôle dans tout cela, c’est qu’il y a eu récemment un deuxième appel d’offres pour du logement abordable alors qu’aucun projet découlant du premier n’a été livré, à l’exception d’un seul à Fermont dont des subventions supplémentaires ont permis sa réalisation. » 

L’homme d’affaires estime que la députée de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours, et la Ville de Thetford Mines ont tout fait pour bien les accompagner et que le problème se trouve à un niveau supérieur. « Mme Lecours est allée cogner aux différentes portes et elle a mis la pression qu’elle pouvait, mais la machine administrative ne bouge pas », s’est-il désolé.

UNE IMPATIENCE PARTAGÉE

Appelée à commenter, la députée de Lotbinière-Frontenac a partagé l’impatience des promoteurs et souhaite que les 48 logements abordables soient construits dès que possible. « Je suis en étroite communication avec eux, mais également avec le cabinet du ministère des Affaires municipales et de  l’Habitation pour que le projet puisse voir le jour. J’ai fait l’annonce en juin 2022 et je suis très impatiente. »

Selon elle, les promoteurs ont raison de se sentir pris en otage. « Des modifications au cadre normatif doivent être faites. On m’a dit qu’il était pour y avoir une rencontre le mardi 21 novembre entre la SHQ et les promoteurs pour trouver des solutions. Cette fois-ci, j’espère que ce sera la bonne parce que ce n’est pas la première fois qu’il y a des rencontres à ce sujet. En politique, nous avons une réputation. Quand nous procédons à des annonces, il faut que les projets se réalisent. C’est là-dessus que je travaille. » 

LE MAIRE BROUSSEAU PRÊT À INTERVENIR

Tout comme les promoteurs et la députée Lecours, le maire de Thetford Mines Marc-Alexandre Brousseau veut que ce chantier se réalise rapidement. « La Ville met énormément d’argent, soit environ 3 millions $, parce que nous croyons que cela va répondre à un besoin. Il faut que ce projet lève. »

Bien qu’il n’ait pas été interpellé directement, il s’est dit prêt à intervenir pour appuyer les promoteurs. « Si je peux contribuer à régler un problème, ça va me faire plaisir de faire des interventions parce que pour nous, que ce soit du logement abordable, social ou privé, c’est important et nous prenons tous les projets parce que le besoin dans la région est grand », a-t-il dit.

Interpellée à ce sujet, la SHQ a répondu au journal que ce projet est toujours en cours d’élaboration et qu’elle travaille de concert avec l’organisme, dans ce cas-ci l’entreprise DJV Immobilier, afin qu’elle puisse le mener à terme.