Crise à l’hôpital de Thetford : « Ils ont suffisamment étiré l’élastique, puis là il est en train de péter » – Éric Duhaime
Le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, ainsi que le président de la commission politique du parti et porte-parole en matière de santé, le Dr Karim Elayoubi, étaient de passage jeudi à Thetford Mines, en amont de l’importante mobilisation entourant la crise à l’hôpital. En mêlée de presse avec les médias, ils ont présenté la position du PCQ sur la gestion des hôpitaux et lancé un message au ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, ainsi qu’à la députée de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours.
Une rencontre était d’abord prévue en matinée avec le maire de Thetford Mines et préfet de la MRC des Appalaches, Marc-Alexandre Brousseau, ainsi qu’avec la Chambre de commerce et d’industrie de la région de Thetford. Une visite de l’hôpital était ensuite prévue pour l’après-midi.
Éric Duhaime a confirmé qu’il a entendu parler depuis plusieurs mois des problèmes au centre hospitalier de Thetford. « Historiquement, cet hôpital était l’un des meilleurs, sinon le meilleur au Québec », a-t-il souligné.
Le Dr Elayoubi a affirmé que son parti pouvait apporter des solutions pour aider à résorber la crise. « Nous en avons discuté avec monsieur le maire et clairement, on se rend compte que l’hôpital était beaucoup plus performant avant la réforme des CISSS et des CIUSSS. […] Ce que nous avons toujours proposé au PCQ, c’est de s’inspirer des modèles les plus performants sur la planète et ceux-ci se retrouvent majoritairement en Europe. Nous avons commandé une étude pour voir de quelle façon ils fonctionnent. Ils ont à peu près tous un directeur par établissement. L’hôpital de Thetford n’a pas de directeur, tout est centralisé autour de Lévis. Ce n’est pas que Lévis ne fait pas un bon travail, mais ils ne sont pas sur le terrain. S’il n’y a pas de capitaine au sein de l’établissement, c’est extrêmement difficile de créer un sentiment d’appartenance, d’avoir de la flexibilité et de pouvoir recruter. »
Comme lors de la dernière campagne électorale, le PCQ propose de revenir à un modèle de gestion hospitalière où chaque établissement dispose d’une direction autonome avec des marges de manœuvre pour le recrutement et le financement.
Le Dr Elayoubi a également évoqué un autre défi majeur, soit le vieillissement de la population. « La meilleure façon de financer les hôpitaux, c’est à l’activité-patient. Plus il y a de patients vulnérables, plus l’hôpital en voit, plus son budget devrait être important. Ce sera de regarder si le financement à Thetford est adéquat, puis voir si vraiment l’argent suit le patient ou si les budgets sont trop fixes », a-t-il expliqué en plaidant pour des investissements adaptés à la démographie et aux besoins locaux.
Il a par ailleurs souligné l’importance de désengorger les soins de santé pour les interventions mineures à modérées. La sous-traitance dans les cliniques privées figure d’ailleurs parmi les propositions de son parti.
Éric Duhaime a de son côté dénoncé une sorte de loi du silence pesant sur les travailleurs de la santé. Il espérait que ces derniers pourraient s’exprimer librement lors de la mobilisation prévue vendredi. « Il y a beaucoup de gens qui connaissent la situation et qui ont de l’information, mais qui, malheureusement, ne peuvent pas vous communiquer tout ce qui se passe. […] J’espère que le ministre de la Santé va faire comme nous et qu’il va venir à Thetford Mines. Je pense que lorsqu’il y a une crise, c’est important que le ministre se pointe le bout du nez et qu’il vienne régler le problème. »
Le chef du PCQ a aussi interpellé directement Isabelle Lecours qu’il accuse d’être absente depuis trop longtemps dans ce dossier. « Il serait primordial que la députée défende la population qui l’a élue. Elle n’est pas uniquement une porte-parole de la CAQ dans la circonscription. Elle est censée être la porte-parole des gens du comté auprès du gouvernement quand il y a des problèmes et des crises comme celle que la population vit à l’heure actuelle. Je pense que c’est important politiquement que la députée s’implique, qu’elle sorte de sa tanière, que nous en entendions parler et qu’elle brasse un peu son parti ainsi que son ministre. J’espère qu’elle va convaincre le ministre Dubé de se pointer le nez à Thetford au cours des prochains jours »
Selon lui, la centralisation dans le système de santé a engendré une déconnexion avec la réalité sur le terrain. « Ici, c’est une communauté qui est tissée serrée. Les gens se connaissent, ils sont solidaires et prêts à se serrer les coudes en période de crise. Malheureusement, quand les décisions se prennent à 1 h 30 de route d’ici, il n’y a pas la même sensibilité. Ce n’est pas vrai que nous pouvons demander aux gens de faire des quarts de 20 heures. Ils ont suffisamment étiré l’élastique, puis là il est en train de péter à Thetford », a conclu le chef conservateur.