Convaincre les hommes à demander de l’aide
Partage au masculin a ouvert son premier bureau en 1994. Cet organisme normalise toujours, 30 ans plus tard, la demande d’aide des hommes en difficulté dans l’ensemble de Chaudière-Appalaches.
Jean-Michaël Dubé-Rousseau agissait comme intervenant psychosocial avant d’en devenir le directeur général l’an dernier. Titulaire d’une maîtrise en travail social, il constate encore la résistance de certains hommes à s’ouvrir sur eux-mêmes. « Les modèles de masculinité sont plus variés, mais on voit parfois la peur du jugement et la honte. […] Derrière la colère exprimée, il y a de la souffrance, de la tristesse et des déceptions. Lorsqu’on discute, l’expérience de l’un peut devenir un outil pour l’autre », affirme M. Dubé-Rousseau.
Les cafés-discussions représentent un bon premier pas chez les clients. Les divorces ou séparations occupent la première place des demandes en soutien collectif et suivi individuel. « Lors d’une rupture amoureuse, les femmes sont enclines à partager leurs souffrances avec des amies. L’homme perd sa conjointe, souvent sa confidente, et le lien quotidien avec ses enfants. Il n’en parle pas nécessairement (souffrances) à ses chums. […] Dans le groupe d’âge principal utilisant nos services, les 35-55 ans, c’est le jour et la nuit quand les gars partagent leurs problèmes », confirme Jean-Michaël Dubé-Rousseau.
Deux thèmes méconnus, soient les hommes victimes d’agressions sexuelles ou subissant de la violence conjugale, figurent dans l’offre de services. « Ça demeure très tabou. Lorsqu’il est question de violence conjugale, la société tend à oublier que les hommes peuvent, eux aussi, être des victimes. […] Il faut briser la loi du silence et miser sur l’éducation », mentionne le directeur général.
Récompense provinciale
Remis annuellement par Hommes Québec, les Prix Hommage Guy-Corneau soulignent l’apport de personnes et d’organismes contribuant significativement à l’amélioration de la santé et du bien-être des hommes, ainsi qu’à la valorisation de la réalité masculine au sein de la société.
Partage au masculin a remporté les honneurs en 2024 comme organisme. « C’est beau que ça nous arrive l’année de nos 30 ans. Les hommes ne doivent pas avoir honte et demander de l’aide », dit Jean-Michaël Dubé-Rousseau.
Guy Dubé, cofondateur et ex-directeur général de Partage au masculin, se rappelle encore les premières rencontres prénatales de l’organisme, ainsi que son implication contre le taux élevé de suicide dans les années 1990. « On a tracé le chemin pour des hommes qui ne consultaient pas. L’année de ma retraite en 2023, plus de 1000 nouveaux clients utilisaient nos services », indique celui-ci, en ajoutant que l’humour aidait à détendre l’atmosphère pendant les multiples confidences sur trois décennies.