Combat pour sauver une piste de motocross à Saint-Jean-de-Brébeuf

Les propriétaires d’une piste de motocross privée à Saint-Jean-de-Brébeuf se battent depuis maintenant cinq ans avec la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) afin de la conserver. Une audience en appel est prévue le 17 septembre devant un commissaire qui tranchera sur leur demande d’autoriser le circuit sur un terrain zoné agricole.

Grand adepte de motocross depuis qu’il est tout jeune, Steeve Breton a commencé à aménager vers 2008 un terrain lui appartenant sur le Rang 10 afin de pouvoir pratiquer le sport qu’il aime. Il y a investi une somme très importante au cours des années. 

« J’avais la machinerie pour le faire. J’y ai passé beaucoup d’heures. C’était pour mon utilisation personnelle et celle de ma famille. Il y a aussi des gens que je connais qui ont commencé à l’utiliser avec mon autorisation, mais je ne les ai jamais fait payer. Mon but n’était pas d’en faire un endroit commercial, mais un lieu où nous pourrions pratiquer ce sport sans déranger personne », a-t-il expliqué au Courrier Frontenac.

En 2018, la maison qui se trouvait sur le terrain est passée au feu. En contactant la CPTAQ afin de faire valoir le droit de reconstruction, cela a aussi eu pour conséquence de faire découvrir à la commission l’existence de la piste. Steeve Breton et sa conjointe, Marie-Ève Courtois, se battent depuis ce temps afin de la sauver.

Il faut dire que la terre, bien qu’elle soit zonée agricole, n’offre pas de possibilité de culture. Selon le code de classification du potentiel des sols, elle est en effet classée 7. « Les sols et les terrains de cette classe comportent des limitations si graves qu’ils ne sauraient se prêter à l’agriculture ni à l’établissement de pâturages permanents », peut-on lire comme explication sur le site Web de la CPTAQ. 

La commission, qui a pour mission de pérenniser un territoire propice à l’exercice et au développement durable des activités agricoles, est avant tout inquiète de la perte d’une terre. Cependant, il ne s’agit pas d’une perte, mais plutôt d’un prêt puisque le sol retrouvera son état d’origine à la fin des activités récréatives, plaident M. Breton et Mme Courtois. 

« Lorsque j’ai acheté en 2006, il y avait un boisé de conifères. Nous l’avons par la suite fait bûcher puisqu’il n’avait pas été entretenu. Les arbres étaient rendus à maturité et ils tombaient. C’est sur cette portion que j’ai construit la piste de motocross », a indiqué le propriétaire. 

Un autre enjeu avancé par la CPTAQ est que la poussière soulevée par l’activité pourrait être nuisible aux cultures à proximité. Selon Steeve Breton, les émanations sont toutefois faibles. Il s’est cependant engagé à installer un système d’arrosage et à remettre le terrain à l’état d’origine s’il met fin à ses activités de motocross.

Par ailleurs, aucun autre emplacement ne serait possible afin de relocaliser la piste puisque plus de 99 % du territoire de Saint-Jean-de-Brébeuf est en zone agricole.  

AUCUNE PLAINTE

Les adeptes de motocross ont peu de pistes où pratiquer leur sport favori dans la région et pour plusieurs de celles-ci, la cohabitation est difficile avec les voisins. « Ce n’est pas le mandat de la CPTAQ de regarder cet aspect, mais la réalité c’est qu’il y a des problèmes de bruit partout au Québec avec des circuits qui sont souvent trop près des maisons », a affirmé Steeve Breton.

Depuis 15 ans, il n’y a jamais eu de plainte de la part des voisins concernant la sienne, a souligné le propriétaire. Il avait d’ailleurs pris la peine de leur demander si ses activités leur occasionnaient des désagréments. « Ils ont tous dit que ça ne les dérangeait pas. Il y en a même qui ne savaient pas qu’il y avait une piste de motocross. »

Il a aussi fait réaliser une étude pour vérifier l’impact du bruit même si cela n’était pas obligatoire et qu’il ne s’agissait pas d’un élément observé par la CPTAQ. Le résultat démontre que celui-ci est en dessous de la limite permise. Pour la dépasser, il faudrait qu’il y ait 152 motos roulant en même temps sur le circuit. Sa situation géographique, dans un creux entre deux petites montagnes, fait en sorte que des barrières sonores naturelles coupent le bruit. 

Il existe également un flou dans les réglementations municipales à savoir si une telle infrastructure est permise en zone agricole. « Chacun peut en faire son interprétation. Quand il est question de sentiers récréatifs, par exemple pour les motoneiges et les véhicules tout-terrain, c’est permis puisque c’est considéré comme extensif », a mentionné Mme Courtois.

Le couple a mandaté une avocate spécialisée en urbanisme afin qu’elle regarde la loi à ce sujet. Malgré les zones grises, son avis professionnel est que l’utilisation récréative du terrain pour une piste de motocross est permise par la réglementation. La Municipalité de Saint-Jean-de-Brébeuf s’est aussi rangée derrière cette explication. 

Steeve Breton et Marie-Ève Courtois aimeraient éventuellement transformer leur piste privée en parc récréatif ouvert au public. La CPTAQ devrait alors accorder son autorisation afin que le couple puisse faire bénéficier la communauté de leur aménagement, au même titre que les sentiers de motoneige qui sont permis en zone agricole.

« Nous aimerions l’ouvrir au public et tenir des camps d’été pour les jeunes. Cela permettrait de leur enseigner les bonnes pratiques, tout en leur donnant accès à un lieu sécuritaire et encadré pour pratiquer le sport », a soutenu M. Breton.

En attendant, ce dernier espère que la CPTAQ acceptera sa demande d’autorisation et ne l’obligera pas à défaire ce qu’il a construit.

Les personnes intéressées à appuyer la piste de motocross peuvent signer la pétition en ligne au https://www.change.org/p/se-battre-pour-l-implantation-d-une-piste-de-motocross-enduro-%C3%A0-saint-jean-de-br%C3%A9beuf?recruiter=1347158232&recruited_by_id=45258990-5bde-11ef-ad82-b79b7f9dfb5a&utm_source=share_petition&utm_campaign=petition_dashboard_share_modal&utm_medium=copylink.