Une pratique de recrutement qui fait jaser
La façon dont s’est prise une représentante de Starbucks afin de recruter des employés pour le futur magasin qui ouvrira à Thetford Mines d’ici la fin de l’année a fait jaser au cours des derniers jours. Elle se serait en effet déplacée dans plusieurs commerces de la ville afin de solliciter des gens directement sur leur lieu de travail.
C’est le propriétaire du Korsé cafébar, Jonathan Laroche, qui a dénoncé la situation sur les réseaux sociaux. Invité par le Courrier Frontenac à commenter cette pratique, ce dernier a d’abord voulu préciser qu’il n’était pas contre la compétition commerciale, au contraire. « Je crois que cela aide à développer la culture autour du café. Si les gens prennent de plus en plus l’habitude d’acheter des breuvages haut de gamme, c’est une bonne nouvelle pour nous. Cependant, ne viens pas solliciter les employés chez nous. C’est un manque de savoir-vivre et ça ne se fait pas. »
Le propriétaire du Korsé n’était pas sur place lorsque la représentante de Starbucks est venue dans son commerce. Pour lui, ce n’est pas la bonne façon de se faire une place, surtout pour une grande chaîne. « Si je décide d’ouvrir un magasin, je loue une salle, je prends une page dans le journal local, je fais des publications sur les réseaux sociaux, je place une affiche en ville et j’annonce une grande journée d’embauche. […] Nous sommes le seul autre commerce à proposer des cafés spécialisés. Nous investissons beaucoup de temps et d’argent pour former nos employés. S’ils veulent partir et qu’ils ne sont pas heureux, nous ne les retenons pas, mais ne venez pas les solliciter directement chez nous. C’est plate de faire ce type de chose dans une petite ville, notamment en pénurie de main-d’œuvre. »
Jonathan Laroche ne s’en cache pas, l’arrivée de Starbucks pourrait avoir un impact sur son commerce. Il a d’ailleurs été proactif au cours des dernières semaines afin de s’assurer la fidélisation de la clientèle. Il précise toutefois que les ventes de café ne sont plus ce qu’elles étaient avant la pandémie en raison entre autres du télétravail, ce qui l’a forcé à diversifier son offre. « Quand nous avons ouvert il y a près de cinq ans, le café représentait entre 50 et 60 % de nos ventes. Maintenant, nous sommes entre 5 et 10 %. Nous avons développé notre offre au commerce et c’est pourquoi nous sommes encore en vie aujourd’hui. Conserver presque exclusivement le café, ça n’aurait pas fonctionné. »
STARBUCKS S’EXCUSE
Starbucks Canada a réagi par courriel à la situation après avoir été interpellé par le journal. L’entreprise a indiqué avoir pris connaissance du problème et en a discuté avec le membre du personnel en privé.
« En aucun cas nous ne cherchons à récupérer la main-d’œuvre d’une autre entreprise, et ce n’était pas notre intention dans ce cas. Nous présentons toutes nos excuses, car nous souhaitons vivre en bon voisinage et être un bon partenaire commercial dans toutes les communautés que nous servons. Nous avons hâte d’ouvrir notre premier magasin ici, à Thetford Mines, plus tard cette année. »