Tout n’est pas si noir
THETFORD. Malgré un contexte économique moins favorable, plusieurs commerçants et restaurateurs de la ville réussissent à tirer leur épingle du jeu. Leur recette? Action, réaction et ingéniosité.
C’est entre autres le cas de Marise Plante avec son restaurant L’Maudit Français. «Pour réussir, nous n’avons pas le choix de chouchouter les clients et combler leurs caprices. Il ne faut jamais dire non et plutôt trouver des solutions. Le contexte est en effet plus difficile dans les dernières années, mais c’est aussi important de conserver son intégrité et la nature de son restaurant», soutient-elle.
Même si le domaine est différent, la méthode reste tout de même semblable pour le commerce au détail selon le propriétaire d’Ameublement Carrier & fils. «Le ralentissement économique, nous nous sommes arrangés pour ne pas le ressentir en innovant, soit en ajoutant des services et plus de produits. Il faut être proactif, ne pas s’asseoir sur ses lauriers et ne pas penser que tout peut bien aller tout le temps», raconte Philippe Carrier.
Propriétaires du nouveau restaurant Crêpicuriennes, Marie-Anne Brousseau et Catherine Beaudoin, affirment qu’il est aussi très important de se démarquer en amenant de la nouveauté lorsque l’on ouvre un commerce comme le leur. «Pour nous, l’idée était d’amener de la nouveauté puisque le type de nourriture que nous offrons, on ne retrouvait pas cela ailleurs à Thetford Mines. Nous savions qu’en présentant quelque chose d’unique, ça pourrait fonctionner même si le contexte économique n’était pas à son meilleur», explique Catherine.
De son côté, le copropriétaire de La Face de bœuf, Stéphane Morin, n’a pas hésité avant de se lancer dans cette aventure. «Le créneau de la viande de bœuf était délaissé depuis quelque temps dans la restauration locale. Même si les prix de cette denrée ont beaucoup monté ces dernières années, nous avons cru au succès et nous ne pensions pas au négatif. Il suffit d’offrir à la clientèle un endroit où elle pourra vivre une expérience. Les gens peuvent se faire leurs propres repas chez eux, c’est souvent l’ambiance qui va les faire accrocher.»
Place à la diversité
Pour certains, la mise en vente du restaurant Le Millénium signifie qu’il y a peut-être un trop grand nombre de restaurants pour le bassin de population. Interrogés à ce sujet, les propriétaires de commerces et restaurants ne croient pas qu’on puisse avoir trop d’offres de ce type. Ils affirment toutefois que la diversité est très importante.
«Nous avons une belle diversité présentement, mais il y a toujours place à plus. C’est sûr que s’il arrive trois ou quatre steakhouses demain matin, ça ne pourra pas fonctionner. Pour ce qui est du Millénium, je crois quand même qu’il a encore sa raison d’être. Il reste à voir ce qu’il en adviendra», confie Stéphane Morin.
Philippe Carrier est aussi copropriétaire du restaurant Rouge Poisson et estime qu’il ne peut jamais trop y en avoir. «Je crois qu’il n’y en a pas assez personnellement, même si j’ai des parts dans le Rouge Poisson. Si l’économie était excellente, je ne pense pas que certains fermeraient. Aller au restaurant, ça reste un luxe.»
Une opinion que partage Louis Thivierge, également copropriétaire du Rouge Poisson. «Ce serait dire que nous sommes corrects comme ça et ça irait à l’encontre de l’esprit entrepreneurial d’affirmer qu’il y en a trop. Il faut dire que dans certains créneaux, c’est plein, mais il n’y a jamais trop de restaurants quand quelqu’un amène une bonne idée», dit-il.
Pour ce qui est de Marise Plante, elle affirme que la fermeture du Millénium pourrait être bonne ou mauvaise pour certains, mais qu’au final, les gens retournent toujours là où ils se sentent le mieux. «Qu’il y ait le Millénium ou pas, la pointe de tarte des gens qui vont au restaurant reste la même. La nouveauté attire, mais les gens finissent par revenir à leurs habitudes. Certains "surfent" sur la vague du début et ensuite chutent, mais d’autres réussissent à y arriver à force de persévérance», renchérit-elle.
Le centre-ville ou le boulevard Frontenac?
Dans le cadre de notre reportage, deux des propriétaires interrogés ont décidé de s’établir au centre-ville, tandis que les deux autres ont choisi le boulevard Frontenac. Selon Philippe Carrier, pour son commerce, le grand boulevard a fait une différence. «C’est sûr que ça aide d’être sur le boulevard Frontenac plutôt que sur la 16e avenue où nous étions cachés. Nous établir ici a été la meilleure décision d’affaires jusqu’à maintenant.»
Cependant, Stéphane Morin croit que cela n’aurait pas fait de différence pour son restaurant. De leur côté, les filles de Crêpicuriennes et Marise Plante adorent l’aspect de proximité du centre-ville.
Par ailleurs, depuis quelques années, le boulevard est devenu l’axe commercial principal de la ville de Thetford Mines, attirant d’ailleurs plusieurs établissements ayant quitté la rue Notre-Dame. Héritage centre-ville et son président, Yves Kirouac, travaillent d’arrache-pied afin que l’hémorragie cesse et que cette partie de la ville redevienne ce qu’elle était.
«Le centre-ville n’est peut-être pas assez en vue. C’est sûr qu’on aimerait en faire plus. Ce serait mentir de dire le contraire. Le plus gros défi c’est d’enlever cette image négative qui n’est pas toujours justifiée. Si on s’ouvre les yeux, nous avons quand même un cadre intéressant», fait valoir M. Kirouac.