Nouvelle usine pilote à Thetford : une solution à la crise des déchets électroniques
L’entreprise enim implantera à Thetford Mines au cours de la prochaine année une usine pilote visant la récupération et la revalorisation des métaux contenus dans les déchets électroniques, et ce, à faible empreinte. Celle-ci sera située dans les installations de Dundee Technologies Durables sur la rue du Lac-Noir dans le secteur de Black Lake.
Le procédé breveté ayant été développé et démontré en laboratoire permet de récolter jusqu’à 99 % des minéraux stratégiques compris dans les équipements électroniques désuets, sans produire d’émanations et de rejets toxiques. Il récupère et isole les différents métaux qui s’y retrouvent comme le palladium, l’or, l’argent, le cuivre, le platine, l’aluminium, le zinc, l’étain ou le plomb afin de les remettre en circulation dans le marché. Le matériel qui sera revalorisé provient du programme Serpuariens géré par l’Association pour le recyclage des produits électroniques.
Les projections de l’ONU font état de près de 75 millions de tonnes de déchets électroniques générés annuellement d’ici 2030, soit l’équivalent d’environ 550 navires de croisière, a expliqué Simon Racicot-Daignault, président et chef de la direction d’enim. Actuellement, les méthodes utilisées pour en disposer ou les recycler partiellement nuisent à la santé, certaines étant cancérigènes, et à l’environnement. L’entreprise propose donc une réponse unique et durable à la crise des déchets électroniques.
« Aujourd’hui, la seule avenue possible pour récupérer ces métaux est de les envoyer dans une fonderie, essentiellement, de les brûler. Ce que nous avons développé, c’est un traitement hydrométallurgique, donc avec des liquides, pour être capables de récupérer les métaux de façon complètement écoresponsable, soit sans émanation toxique sous forme gazeuse ou sans rejet toxique sous forme liquide dans l’environnement », a indiqué M. Racicot-Daignault.
Celui qui a aussi été à la tête d’InnovHQ, la filiale d’Hydro-Québec qui chapeaute la création d’innovations énergétiques durables, est accompagné de deux autres actionnaires dans cette aventure, soit Dominique Morin, président et chef de la direction de Seneca, et Jean-Philippe Mai, président et chef de la direction de Dundee Technologies Durables.
DÉMONTRER LA FAISABILITÉ
L’objectif de l’usine pilote sera de démontrer la faisabilité technique et économique à l’échelle industrielle avec des équipements de la même grosseur que ceux qui se retrouveraient dans une première usine commerciale. Le projet pilote aura une capacité de 200 tonnes par année et nécessitera des investissements de 13 millions $. La partie ingénierie est présentement en cours. L’entreprise prévoit procéder à l’installation de l’équipement au cours de la deuxième moitié de 2023 pour commencer la production d’ici la fin de l’année. Une partie de l’usine de la rue du Lac-Noir sera réaménagée pour accueillir ces équipements. Une cinquantaine de personnes employées par Dundee seront mises à contribution pour le projet pilote.
Quant à la première usine commerciale, celle-ci nécessitera des investissements de 150 à 200 millions $ et aura une capacité de 5000 tonnes annuellement. Aucun endroit n’a encore été établi pour son implantation, mais la ville de Thetford n’est pas exclue. Les actionnaires visent une mise en opération d’ici la fin de 2025. « Dans le cadre de l’usine pilote, l’expertise de Dundee nous sera très précieuse, donc la même logique s’applique pour le projet commercial », a souligné le président d’enim.
À terme, l’équipe souhaite exporter sa solution afin qu’un maximum de pays puisse en bénéficier par le biais d’un modèle de licence ou de partenariat.