Des scaphandriers seront formés à Thetford Mines
L’École de travaux sous-marins (ETSM) Horizon prévoit s’installer aux abords du puits de l’ancienne mine British Canadian (BC), située dans le secteur de Black Lake à Thetford Mines, afin de pouvoir y former de futurs scaphandriers. Si tout va bien, une première cohorte de 12 étudiants est attendue pour mars 2024.
« Nous enseignerons la plongée commerciale. Cette formation est déjà offerte à l’Institut maritime du Québec à Rimouski. J’y ai travaillé pendant trois ans et j’ai décidé de partir ma propre école privée », a mentionné Nicolas Dufort au Courrier Frontenac.
Celui qui demeure dans le coin de Saint-Hyacinthe cumule 25 ans d’expérience dans ce domaine. Il offre de la formation théorique depuis environ deux ans et souhaitait pouvoir ajouter un volet pratique. Il a découvert le site de la BC après plusieurs mois de recherches.
« J’ai choisi cet endroit d’abord parce que je ne voulais pas déranger qui que ce soit. Des activités sportives se déroulent déjà à la carrière Flintkote et je ne souhaitais pas gâcher les belles conditions sous l’eau. De plus, mon objectif était de trouver une place idéalement à distance raisonnable de Montréal et de Québec, où se trouvent les deux gros bassins d’employeurs en plongée commerciale. Enfin, l’endroit en tant que tel est majestueux. J’ai beaucoup d’espace pour mettre mes installations. »
Une fois le site trouvé, M. Dufort a amorcé des démarches auprès de la compagnie Mazarin qui a accepté de lui louer une partie du terrain près de la mine. Des échantillons ont par la suite été prélevés afin de s’assurer que l’eau n’est pas contaminée et des tests de sédimentation ont été réalisés.
« Je suis actuellement en processus de changement de zonage puisque celui-ci ne permet pas, pour le moment, des activités commerciales. Je suis en attente d’une réponse et je dois vous avouer que j’ai hâte de l’obtenir. Elle devrait arriver à la fin du mois de février. Ça fait deux ans que je travaille pour implanter mon projet sur ce site. J’espère que ça va fonctionner », a-t-il dit.
Les cours qu’il dispensera seront reconnus par le ministère de l’Éducation et approuvés par la Diver Certification Board of Canada. « Ils seront offerts quatre mois par année, soit de mars à juin. Je veux que les étudiants puissent toucher toutes les saisons puisque la plongée commerciale en hiver et en été ce sont deux choses en raison du froid et de la glace. C’est important pour moi que les conditions ressemblent à la réalité dans le métier, ce qui manque beaucoup au Québec présentement. »
M. Dufort souhaite démarrer avec une douzaine d’étudiants. Les personnes intéressées devront se soumettre à des examens médicaux et à des tests physiques, avoir un minimum de 20 plongées sportives à leur actif et, dans le meilleur des mondes, avoir déjà travaillé dans la construction ou avoir de l’expérience dans ce domaine.
« Le métier de scaphandrier est géré par la Commission de la construction du Québec. Quand les étudiants auront terminé leur formation, ils auront le droit d’œuvrer non seulement dans la province, mais partout au Canada. Ceux qui le souhaitent pourront même obtenir leur carte de la Diver Certification Board of Canada afin de pouvoir se rendre partout dans le monde. »
Actuellement, environ 120 scaphandriers sont en activité au Québec, ce qui est peu aux dires de M. Dufort. « Ils peuvent être appelés à travailler dans les installations portuaires, dans les centrales et les barrages hydroélectriques, à faire de la réparation de navires ainsi que des inspections de toutes sortes, que ce soit pour les prises d’eau des municipalités ou des usines. Je vous dirais qu’ils sont mobilisés pendant environ neuf mois par année. »
Jusqu’à présent, son projet a nécessité des investissements d’environ 45 000 $. Lorsque le changement de zonage sera officialisé, M. Dufort procédera à l’aménagement du site. « J’ai déjà acheté des conteneurs maritimes et je vais les convertir afin de pouvoir y adapter une salle de classe qui sera chauffée et un endroit pour qu’ils puissent se changer et faire sécher leur habit. Un des conteneurs servira probablement pour de l’entreposage. Je verrai avec le temps si j’ai besoin d’en ajouter. »
Deux unités mobiles comprenant l’équipement électronique nécessaire seront aussi sur place puisque contrairement à la plongée sportive qui fait l’usage de bombonnes d’air, les scaphandriers sont reliés à la surface à l’aide d’un « cordon ombilical » leur permettant de recevoir de l’air provenant de compresseurs, mais aussi l’énergie électrique pour les différentes tâches à effectuer.
« Quant au site sous l’eau, il est actuellement vierge. La première étape sera de nettoyer le fond pour déplacer les sédiments présents et obtenir une superficie d’environ 50 m x 50 m sur le roc, ce qui représentera notre aire de travail. Ensuite, je prévois installer des planches de métal pour obtenir un faux quai où les étudiants pourront effectuer plusieurs tâches propres à la plongée commerciale. Je vais probablement aussi y couler un bateau. Il y aura plusieurs installations. »
Pour le moment, M. Dufort travaille en solo. Il n’écarte pas la possibilité de s’entourer de nouvelles personnes selon le nombre d’étudiants qui s’inscriront à sa formation.