Les gouvernements agissent pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre
Depuis lundi, les entreprises de secteurs désignés par Québec peuvent embaucher jusqu’à 20 % de travailleurs étrangers. La limite était jusqu’ici fixée à 10 %. L’objectif de cette annonce conjointe avec le gouvernement du Canada est de répondre à la pénurie de main-d’œuvre qui affecte la province.
Cette mesure s’appuie également sur les assouplissements apportés aux exigences existantes en matière d’annonce de postes et de recrutement pour certaines professions en vigueur depuis le 6 décembre 2021. De plus, la liste des professions pour lesquelles il existe un processus d’embauche simplifié de travailleurs étrangers temporaires sera allongée au cours des prochains mois.
Ce projet pilote annoncé en août 2021 devait se poursuivre jusqu’au 31 décembre 2023, mais celui-ci sera prolongé jusqu’au 31 décembre 2024.
Par ailleurs, une reconstruction du régime de conformité du Programme des travailleurs étrangers temporaires est en cours par l’entremise d’Emploi et Développement social Canada afin de mieux les protéger à l’avenir.
PERTES D’OPPORTUNITÉS, D’INNOVATION ET DE CROISSANCE
En novembre dernier, les résultats d’une enquête commandée par la Table régionale des élus municipaux de Chaudière-Appalaches (TREMCA) et réalisée par Deloitte et E&B Data révélaient que 2,1 milliards $ de production manufacturière avaient échappé à la région en 2021, sans compter des millions de dollars d’investissements non réalisés. Cette situation cause des pertes d’opportunités, d’innovation et de croissance.
L’enquête a aussi indiqué que 85 % des entreprises sondées sous-utilisent leur capacité de production et que 75 % ont refusé des contrats au cours de la dernière année. Plusieurs ont notamment avoué penser à la délocalisation.
URGENCE RECONNUE
Le député de Mégantic-L’Érable, Luc Berthold, a fait de la lutte contre la pénurie de main-d’œuvre l’un de ses dossiers prioritaires dans le comté au cours des dernières années. L’élu conservateur s’est dit content que le gouvernement fédéral reconnaisse l’urgence d’augmenter le pourcentage de travailleurs étrangers que les entreprises peuvent embaucher.
« C’est une demande que je fais depuis que je suis député. Dans les deux ou trois dernières années, la situation s’est empirée et chaque fois que je rencontrais un entrepreneur, on me parlait de ça. Il y a eu beaucoup de pression de la part de l’opposition et même des députés libéraux puisque la pénurie de main-d’œuvre est généralisée au Québec », a-t-il soutenu en entretien avec le Courrier Frontenac.
Ce dernier a toutefois déploré qu’il n’y ait toujours pas de réponse sur l’accélération du traitement des demandes de la part des deux paliers de gouvernement. « Normalement, en enlevant des exigences, cela devrait accélérer le processus. C’est ce que nous espérons. »
Luc Berthold a dit souhaiter que la mise en œuvre du programme se fasse rapidement, soulignant qu’il y a souvent un décalage entre une annonce ministérielle et la réalité sur le terrain. Finalement, il espère que le projet pilote soit prolongé au-delà de la date annoncée.