Une nouvelle réalité pour les commerçants
Les commerces de détail rouvraient leurs portes la semaine dernière après plus de six semaines de fermeture depuis le début de la pandémie. Bien que tous sont heureux de pouvoir enfin servir leurs clients, ils doivent maintenant composer avec une nouvelle réalité, celle de la distanciation physique.
Plusieurs mesures ont été mises en place afin d’assurer la sécurité à l’intérieur : plexiglas, zones de désinfection des mains, flèches au sol, rappels à l’aide d’affiches, tous les moyens sont utilisés.
« Nous avons des plexiglas à chacune de nos caisses étant donné que c’est plus difficile à ces endroits de garder une distance, explique Margo Setlakwe Blouin, présidente chez A.Setlakwe. Nous avons aussi fermé toutes les portes à l’avant du magasin de Thetford Mines et gardé seulement un point d’accès à l’arrière. En entrant, il y a une affiche demandant aux gens de se désinfecter les mains. »
Tous, le personnel comme les clients, doivent demeurer à deux mètres de distance les uns des autres. Il n’y a donc plus d’ajustement de fait avec les vêtements et les employés ne rentrent plus dans les cabines. Chaque fois qu’un vêtement ou une paire de souliers sont essayés par un client, les articles se retrouvent en quarantaine pendant 48 heures.
« La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) n’a rien dit par rapport à cela, c’est au bon vouloir de chaque commerce. Nous nous sommes basés sur ce que nous savons du virus et ce qui se fait dans l’industrie », souligne Mme Setlakwe Blouin.
Le magasin accepte aussi que les gens essaient les vêtements à la maison et qu’ils les rapportent par la suite s’ils ne conviennent pas. Le lavage fréquent des mains chez les employés, la désinfection régulière des cabines d’essayage et du magasin en général ainsi que les indications au plancher pour limiter les files aux caisses font aussi partie des mesures instaurées dans les commerces de Thetford Mines, Disraeli et Sainte-Marie.
Même son de cloche du côté du magasin Croteau Génération Mode où les plexiglas, le lavage des mains et les indications sont bien en vue. « Nous avons un préposé à l’avant qui lave les chariots. Nous demandons aux gens d’en avoir un puisque ça permet de bloquer les rangées et de conserver une distance. Puis, ça nous donne un suivi du nombre de personnes dans le magasin. Quand il n’y en a plus, nous demandons aux gens d’attendre », affirme Jean Croteau.
Les vêtements y sont aussi mis en quarantaine dès qu’ils sont essayés et le magasin est désinfecté régulièrement. Les employés ont à leur disposition des visières ou des masques s’ils désirent en porter.
Chez Ameublement Carrier & fils, outre l’équipement de sécurité et l’assainissement des meubles qui sont touchés, on limite également la présence des gens à l’intérieur. « Nous sommes deux vendeurs, donc nous n’acceptons que deux clients à la fois. Autrement, nous ne pourrions pas garder le fil. Nous ne pouvons pas nous permettre de commettre des erreurs avec cette réouverture. Nous sommes privilégiés d’avoir pu ouvrir avant ceux du coin de Montréal. Nous respectons les règles et nous faisons en sorte de servir nos clients le plus sécuritairement possible », soutient le propriétaire Philippe Carrier.
Selon lui, plusieurs des mesures instaurées pendant la pandémie seront conservées. « C’est sûr que ça change le business du jour au lendemain. Ça fait 21 ans que je suis là-dedans et avec les clients nous sommes habitués de donner des poignées de main et de les recevoir dans notre bureau. Je pense que la façon de travailler ne sera plus jamais comme avant. »
Pas de reprise à 100 %
Les commerçants ne s’attendent pas à revoir immédiatement les chiffres d’affaires qu’ils avaient avant la crise. Bien que Setlakwe Mode ait vu un important achalandage dès la première journée, la présidente s’attend toutefois que ce soit plus tranquille dans les prochaines semaines. Les heures d’ouverture ont d’ailleurs été diminuées, entraînant aussi une baisse du nombre d’employés.
« On ne se le cachera pas, c’est pour une raison financière. Ce qui se dit dans l’industrie c’est qu’on risque d’avoir environ 50 % de notre chiffre d’affaires le premier mois, 75 % par la suite et à long terme c’est plus vague comme prévisions », mentionne Margo Setlakwe Blouin.
Pour sa part, Jean Croteau s’attendait lui aussi à une bonne première semaine et à une baisse des ventes de 30 % pour les suivantes. « Les mois d’avril et de mai sont habituellement nos meilleurs, donc nous avons fermé là où ça commence à être bon. Nous ne rattraperons pas ce qui a été perdu. »
Philippe Carrier ne prévoit pas non plus revoir les mêmes chiffres qu’avant dès le départ et il ne pouvait pas dire combien de temps ça prendra avant que le tout revienne à la normale. « Ce sont des facteurs que nous ne contrôlons pas, mais plus vite ça va venir, mieux ce sera pour tout le monde. »
Setlakwe Mode se lance dans la vente en ligne
Avant le début de la pandémie, Setlakwe Mode se préparait à lancer son site de vente en ligne pour cet été. L’entreprise a toutefois décidé de devancer ses plans afin d’offrir une partie de son catalogue sur le Web.
« La réponse de la clientèle a été très bonne. En deux semaines, nous avons atteint le même chiffre d’affaires que Silhouette Lingerie dont le site existe depuis trois ans. Ça nous a aidés en partie, mais c’est un travail de longue haleine. Nous avons à peu près 20 000 morceaux en stock et nous en sommes rendus à 2500 sur le site. Maintenant que les employés sont de retour, ce sera plus facile de former des gens pour nous aider à faire ce virage numérique », conclut Mme Setlakwe Blouin.