Des secteurs incertains de pouvoir ramener leurs employés au travail
Les dernières mesures annoncées par le gouvernement fédéral en ce qui a trait à l’aide versée aux travailleurs à temps partiel et aux étudiants a semé l’inquiétude dans les domaines du commerce de détail et du tourisme puisqu’elles pourraient entraîner une pénurie de main-d’œuvre.
« Ce sont principalement eux qui sollicitent nos services et qui cherchent à s’en sortir actuellement », soutient le directeur général de la Société de développement économique de la région de Thetford, Luc Rémillard.
Ce dernier souligne que même avant la crise, il s’agissait de secteurs qui avaient déjà des problèmes de main-d’œuvre bien que d’autres domaines connaissent aussi des difficultés de recrutement. « Quand les travailleurs à temps partiel sont devenus admissibles à la Prestation canadienne d’urgence (PCU), déjà à partir de ce moment, il y a plusieurs entrepreneurs qui commençaient à se questionner à savoir comment ils feraient pour ramener les employés au travail. Avec l’annonce pour les étudiants, l’inquiétude est bien là. Les secteurs touristique et agricole emploient beaucoup de jeunes durant la période estivale », indique Luc Rémillard.
Selon lui, le fédéral a anticipé qu’il y aurait un problème avant même qu’il se présente, ce qui aura probablement pour effet de créer une pénurie de main-d’œuvre. Rappelons que la semaine dernière, Justin Trudeau a annoncé qu’Ottawa mettait sur pied un plan pour soutenir les étudiants, soit une prestation de 1250 $ qui sera versée à partir du 1er mai, et ce, jusqu’au mois d’août ainsi qu’une bonification des programmes de bourses.
« On a tout fait pour que ce ne soit pas facile de rappeler du monde et qu’il y ait un intérêt à aller travailler. Je prends par exemple nous à l’Office de tourisme. On emploie quatre étudiants durant l’été et on paye un peu plus que le salaire minimum. Vont-ils vouloir travailler plus que 15 heures? Est-ce qu’il va falloir qu’on en engage 16? Où allons-nous les trouver? Ça devient un méchant casse-tête. Ce que plusieurs disent c’est pourquoi on ne s’est pas ajusté en août avec les prêts et bourses? On a théoriquement choisi qu’il y avait un problème avant de voir s’il y en avait un et ça tombe dans les mains des entrepreneurs », déplore le directeur de la SDE.
Des mesures bienvenues, mais…
Les mesures annoncées afin de soutenir les entreprises ont été bien reçues par plusieurs, soutient Luc Rémillard. Dans la MRC des Appalaches, le programme d’Aide d’urgence aux petites et moyennes entreprises est muni d’une enveloppe de 1 036 000 $ et vient aider celles ayant un besoin de liquidités. Investissement Québec s’implique également et le programme de prêt de 40 000 $ de la Banque de développement du Canada est plutôt accessible selon lui.
« Les mesures salariales sont aussi intéressantes, mais la question c’est de savoir si elles seront encore disponibles quand ça va repartir. On ne le sait pas. Ça aide ceux qui sont ouverts présentement, mais quand tu es fermé, tu n’as pas d’employés à payer. Si le programme est encore là, il pourrait donner un bon coup de main lors de la reprise. »
Malgré toute l’aide qui est apportée au secteur économique, les prévisions ne sont pas très roses pour la survie de plusieurs. « Si on écoute la Chaire de tourisme, ce qu’on entend c’est qu’il pourrait y avoir entre 30 et 40 % de ce secteur qui disparaisse. Le commerce de détail, la restauration et l’hôtellerie, par exemple, ce sont des domaines qui étaient déjà fragiles. La compétition est assez féroce et c’est évident que ce ne sera pas facile », raconte Luc Rémillard.
La MRC des Appalaches ne fait pas exception. Ce qui se vit dans le reste du Québec se vit ici également. Néanmoins, pour lui, la bonne nouvelle est que la région est moins touchée par la COVID-19 que d’autres (21 confirmés au moment d’écrire ces lignes), donc la relance pourrait se faire plus rapidement. « Plus vite on va repartir, mieux ce sera. Tout va dépendre de la durée. »
Enfin, Luc Rémillard souhaite rappeler aux petites entreprises que la SDE est disponible pour les aider. « On invite les gens à nous contacter s’ils ont des besoins en information et en liquidités. Jusqu’à maintenant, nous avons une centaine de demandes de faites. »