Le milieu de l’éducation s’unit contre le projet de loi 40
Le président de la Commission scolaire des Appalaches (CSA), Denis Langlois, le président du Syndicat de l’enseignement de l’Amiante (SEA), Francis Jacob, et la présidente du Syndicat du soutien scolaire des Appalaches (SSSA), Manon Truchon, ont rencontré lundi la députée de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours, afin de lui faire part de leurs inquiétudes face au projet de loi 40.
Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a l’intention qu’il soit adopté d’ici la pause des Fêtes le 6 décembre. Celui-ci a pour objectif de modifier la Loi sur l’instruction publique relativement à l’organisation et à la gouvernance, notamment en abolissant les commissions scolaires pour les transformer en centres de services.
«Ce qui était important de faire réaliser à la députée et que nous voulons qu’elle partage au ministre c’est que le projet de loi est un peu trop rapide, alors que la majorité des gens qui se sont présentés en commission parlementaire sont contre son adoption tel qu’il est présentement. On s’entend qu’on pourrait retarder un peu le processus et s’assurer de s’asseoir avec les personnes concernées pour le travailler et l’améliorer», a expliqué Francis Jacob lors d’un point de presse tenu après la rencontre.
Un même son de cloche est venu de Denis Langlois à ce sujet. «Nous sommes tous d’accord là-dessus, où est l’urgence? Est-ce que ça va si mal que ça? Passer ça entre les dents des gens sans qu’ils soient trop au courant de ce qui en est. Ce que nous demandons, c’est de prendre le temps d’y penser correctement. La dernière réflexion remonte à 1995-1996. Qu’on prenne le temps de se faire une tête précise de ce qu’on veut comme gouvernance et après on prendra les bonnes décisions. On ne rejette pas son entièreté.»
Selon le SEA, le projet de loi 40 déconsidère ouvertement les enseignantes et enseignants en réduisant leur espace décisionnel, en faisant disparaître la parité dans les conseils d’établissement et en permettant le tripotage des notes par la direction. Pour les employés de soutien, il laisse la porte ouverte aux fusions, à la sous-traitance de services et représente un recul démocratique avec la fin du suffrage universel.
Effets néfastes pour la région
Un autre élément qui préoccupe les intervenants est les effets néfastes que ces changements pourraient avoir localement. Avec le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches, la CSA est l’un des deux gros employeurs de la région avec environ 800 personnes à temps plein ou temps partiel.
«Si on se dit qu’on rentre là-dedans avec la hache et qu’on permet aux parents de choisir l’école de leurs enfants, on parle d’un exode des jeunes qui pourront aller à l’extérieur pour leur scolarité. J’ai voulu amener ce point à la députée pour faire prendre conscience au ministre que son projet de loi déborde d’une simple abolition des commissions scolaires», a poursuivi M. Jacob.
De son côté, Denis Langlois soutient que cela touchera d’autant plus un petit milieu comme celui des Appalaches qui ne dépasse pas les 5000 élèves et qui est entouré de plus gros joueurs. De plus, il s’explique mal pourquoi ça ne dérange pas davantage la population en général à qui on enlève un palier démocratique.
«Personne ne réagit à ça. Il va rester quoi après? Les petites municipalités, où les gens sont élus au suffrage universel, on va leur dire vous n’êtes pas légitimes, donc on va vous enlever de là? L’éducation est un bien public, ça leur appartient. C’est à eux d’intervenir à savoir qui va la diriger», a conclu Denis Langlois qui a tenu à remercier Isabelle Lecours de leur avoir donné l’occasion de passer leur message alors que d’autres députés ont refusé de semblables rencontres ailleurs au Québec.