Mathieu Grégoire lance un appel à la générosité

Atteint d’une leucémie lymphoblastique aiguë réfractaire, le Thetfordois Mathieu Grégoire refuse d’abandonner. Il conserve espoir que le médicament qu’il reçoit présentement soit le bon, mais il souhaite se laisser une porte de sortie au cas où.

Actuellement hospitalisé à l’Enfant-Jésus à Québec, TC Media est allé le rencontrer alors qu’il venait d’amorcer un nouveau traitement d’immunothérapie, le Blinatumomab, disponible depuis peu au Canada et dont les chances de rémission sont de 41 à 69 %. Après une période d’incertitude quant à savoir s’il serait accepté, le Thetfordois a finalement appris mardi après-midi qu’il pouvait le recevoir, et ce, gratuitement. Armé de son habituel sourire, il a avoué qu’il l’avait perçu comme une grande nouvelle.

«Lorsque l’hématologue me l’a annoncé, j’avais juste hâte de commencer. Quand tu es malade, tout ce que tu veux c’est la solution pour aller mieux.»

Soulignons que mardi, à l’Assemblée nationale, le ministre Gaétan Barrette avait soumis une demande à la compagnie pharmaceutique pour qu’elle l’offre en compassion. Finalement, c’est l’hôpital qui s’acquittera du coût.

«Il n’y a pas 10 000 alternatives avec une leucémie de ce type-là. Les taux de rémission chez les adultes sont beaucoup moins élevés que chez les enfants. C’est difficile de s’en remettre à l’argent. Je comprends que la recherche est dispendieuse, mais comment peut-on dire aux gens que leur santé, leur vie, a un coût», a-t-il affirmé.

Le Blinatumomab est différent des autres traitements qu’il a reçus jusqu’à maintenant.

«Ça n’agit pas comme les autres chimiothérapies puisqu’au lieu de tout détruire dans le système, ça va attaquer les cellules cancéreuses directement. C’est plus complexe que cela, mais en résumé, c’est pas mal ça. L’objectif est la rémission pour ensuite aller vers la greffe de moelle osseuse qui va amener la guérison», a-t-il expliqué.

Un dernier recours

Si cette immunothérapie ne réussit pas à tuer les cellules cancéreuses dans le système de Mathieu, il ne lui restera ensuite qu’une dernière option, soit un traitement expérimental prodigué dans quelques hôpitaux aux États-Unis, le CAR-T, et dont les taux de rémission avoisinent les 90 %. Le hic? Il lui faudra débourser environ 800 000 $.

C’est pourquoi sa copine et lui ont lancé sur le Web une campagne de financement sur la plateforme YouCaring. Les personnes intéressées à faire un don et à suivre le cheminement de Mathieu Grégoire peuvent le faire à l’adresse suivante: www.youcaring.com/mathieugregoire-760127. Si cette thérapie n’est pas nécessaire, notons que tous les fonds amassés seront redistribués à des organismes œuvrant dans la recherche sur la leucémie lymphoblastique aiguë.

Au moment d’écrire ces lignes, il en était rendu à plus de 19 500 $. L’élan de solidarité dont il est l’objet, surtout dans sa région, lui fait chaud au cœur. «C’est incroyable. Je n’en reviens pas comment les gens sont généreux et sympathiques. C’est très touchant. Je n’ai pas le choix quelques fois de fermer le téléphone parce que je reçois tellement de messages, mais je dois me reposer. J’aimerais dire à chacun à quel point je leur suis reconnaissant.»

Actuellement, il se passe beaucoup de choses dans la tête de Mathieu. «Je n’ai pas envie de me dire que c’est fini. C’est difficile à expliquer. Je veux être là pour ma fille, mes parents, ma blonde et mes proches. Je me dis non, ça ne se finit pas là. Je veux me battre et être positif comme toujours. Je pense que c’est assez important d’avoir la pensée positive.»

Il admet cependant que le fait qu’il n’y ait pas beaucoup d’autres options devant lui amène une certaine appréhension. «C’est une crainte parce qu’il n’y a rien d’autre. Il commence à avoir des recherches dans certains hôpitaux, mais c’est le même genre de traitement que je reçois.»

Récidive

En novembre 2014, au retour d’un voyage au Nunavik, Mathieu reçoit  un premier diagnostic de leucémie lymphoblastique aiguë. Il ne peut le croire au début, mais il doit se rendre rapidement à l’évidence, son combat est commencé.

Deux ans plus tard, en décembre 2016, il reçoit son dernier traitement de chimiothérapie. Bonne nouvelle, il est en rémission. Il prépare alors un voyage au Liban, il espère ensuite se rendre en Syrie afin de rapporter et de photographier ce qui se passe là-bas. Après seulement deux jours à Beyrouth, certains symptômes refont surface: réveil complètement trempé au milieu de la nuit, douleur aux dents et aux gencives, souffle court et un sentiment de fatigue généralisée.

Il devance son retour au Québec de cinq jours et se rend à l’hôpital de Thetford Mines où le médecin y va d’un pré-diagnostic, les résultats sont très mauvais. Il aura la confirmation quelques jours plus tard, la leucémie est en récidive. Malheureusement, le traitement de chimiothérapie ne fait plus.

«La deuxième fois, c’est encore plus dur. Tu sais que tu as déjà eu un protocole de chimio. Ça fait beaucoup moins effet si les cellules sont revenues. Visiblement il y a des cellules qui se sont adaptées.»

Le Blinatumomab, ainsi que le CAR-T si la première option ne fonctionne pas, sont donc ses deux derniers recours. L’espoir est maintenant son allié le plus fort.

«Je tiens à la vie. Mourir ce n’est pas une option. C’est fou à quel point j’y crois.»