Le statu quo n’est pas une option pour Thetford Mines
Obligée d’appliquer des normes sévères dans les travaux de voirie et de génie civil partout sur son territoire depuis quelques années, la Ville de Thetford Mines tente encore aujourd’hui de faire entendre raison à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et n’a pas l’intention de lâcher prise.
Selon des informations confirmées par le maire et des entrepreneurs de la région, les normes de santé et de sécurité liées à l’amiante imposées par la CNESST gonfle de 20 à 30 % les factures des contrats. Masques respiratoires, chiennes de travail, gants de protection, douches après le travail, pertes de temps et de productivité sont en général les contraintes qui font grimper les factures des chantiers. Cette situation est considérée comme un frein au développement de la région de Thetford par plusieurs intervenants.
Lors de la campagne aux élections municipales en 2013, l’actuel maire de la Ville, Marc-Alexandre Brousseau, en avait d’ailleurs fait son cheval de bataille. Même si le dossier a quelque peu avancé depuis, il se désole de voir qu’il reste beaucoup de travail à faire. «Le dossier n’est pas rendu aussi loin qu’on voudrait, mais en même temps il ne s’est pas empiré», soutient-il.
Selon lui, il y a encore plusieurs organisations et personnes à l’intérieur de la CNESST qui aimeraient que les règles soient encore plus sévères qu’elles ne le sont. «Plusieurs personnes disent n’importe quoi à ce sujet. Notre travail est de continuer à sensibiliser tous les intervenants au dossier pour qu’ils comprennent bien la réalité. Quand on parle de tolérance zéro pour la présence de fibres dans l’air, chez nous c’est impossible. Si c’est impossible que ce soit zéro, qu’est-ce qui peut être toléré? Nous avons fait des propositions à la CNESST et nous attendons encore des réponses», explique le maire.
Ce dernier souligne que la Ville ne tient pas à régler tous les problèmes reliés à l’amiante. Elle ne réfute pas non plus les dangers qui y sont reliés, mais elle dénonce toutefois une certaine incompréhension à ce sujet.
«Quand on dit qu’il n’y a jamais eu de travailleurs cols-bleus à Thetford Mines qui aient développé une maladie reliée à l’amiante, ils sont un peu embêtés parce que selon ce qu’ils croient, chaque fois qu’on entre en contact, on tombe malade. Nous allons continuer de dire haut et fort ce qu’est la réalité», a ajouté M. Brousseau.
Trouver des solutions
Le maire croit que la CNESST et la Ville de Thetford Mines se doivent de continuer à travailler afin d’arriver à une solution qui respecte tout le monde. Pour lui, le statu quo n’est absolument pas admissible. «La CNESST a récemment connu des changements dans sa structure et à son conseil d’administration. Il faudra voir si cela nous amène plus de contraintes ou une opportunité d’écoute», souligne M. Brousseau.
Par ailleurs, alors qu’à la Ville, le protocole de travail exigé par la CNESST a été refusé, les entreprises privées n’ont toutefois pas le choix d’appliquer les règles à la lettre puisqu’elles sont surveillées de près et les conséquences pourraient être très couteuses pour elles. Le maire espère néanmoins que celles-ci ne profitent pas de la situation pour surcharger.
«Il faut absolument trouver une façon de nous laisser travailler. Ce qui est sur la table comme règles ne tient pas la route», déplore-t-il.
Rencontre avec la ministre du Travail
La semaine dernière, différents intervenants au dossier de l’amiante, dont le maire de Thetford Mines Marc-Alexandre Brousseau et le préfet de la MRC des Appalaches, Paul Vachon, ont rencontré la nouvelle ministre du Travail Dominique Vien afin de lui faire un portrait de la situation.
«Elle est aussi ministre responsable de la région de Chaudière-Appalaches. Cette rencontre nous a permis de présenter plusieurs éléments de ce dossier. J’ai senti qu’il y avait une grande écoute de sa part. Nous l’avons bombardée d’informations sur l’histoire de la région et au sujet des travaux en présence d’amiante», raconte M. Brousseau.
Notons que cette réunion s’est faite à la demande de Laurent Lessard, député de Lotbinière-Frontenac et collègue de Mme Vien au conseil des ministres.