Fermeture des classes de francisation à L’Escale : tristesse et désolation pour les élèves et le personnel

Une manifestation a eu lieu jeudi matin devant le Centre d’éducation des adultes L’Escale afin de dénoncer la décision gouvernementale concernant le financement de la francisation. À Thetford Mines, comme partout au Québec, cela a pour conséquence de faire fermer les classes dans les centres pour adultes, laissant ainsi pour compte de nombreux nouveaux arrivants et faisant perdre leur emploi à plusieurs enseignants.

Ayant complété sa francisation jusqu’au niveau 7, Daniela Martinez ne sera pas parmi ceux les plus touchés par cette situation, mais elle était tout de même présente lors de la manifestation afin de soutenir ses amis. « C’est une mauvaise nouvelle pour les immigrants et les enseignants en francisation qui vont perdre leur travail. Malheureusement, pour les personnes qui viennent d’arriver et qui veulent apprendre le français et s’intégrer au Québec, ce sera vraiment plus difficile. C’est très triste », a affirmé la jeune femme d’origine mexicaine qui s’exprime très bien en français grâce aux cours qu’elle a pu suivre à L’Escale.  

La tristesse se lisait aussi sur les visages des enseignants. « Nos pensées vont beaucoup vers nos élèves qui essaient d’avoir un avenir ici. On leur enlève tout ça avec ces coupes. Ça nous brise vraiment le cœur de voir ce qui se passe actuellement. Ce n’est pas tant pour notre travail. On l’adore et on aimerait le garder, mais c’est très triste pour nos élèves qui se font montrer la porte un peu de toutes sortes de manières et de façons détournées », a commenté une enseignante.

Elle a ajouté qu’il n’existe pas, à l’heure actuelle, d’alternative pour plusieurs des élèves touchés, dont les femmes qui essaient de se franciser pendant que leur mari travaille. « Elles souhaitent s’intégrer et elles ne veulent pas rester à la maison à ne rien faire. L’objectif d’apprendre le français est de pouvoir fonctionner au Québec et de briser l’isolement. »

Une autre enseignante rencontrée a mentionné avoir parlé avec des élèves qui ne se sentent pas bien accueillis par le Québec en ce moment. « Il y en a une qui me disait : mais madame, ils veulent nous renvoyer, que nous retournions chez nous. Elle pleurait et je ne savais pas quoi répondre parce qu’on dirait vraiment que c’est ça. Nous avons beaucoup de peine pour nos élèves. »

Des représentants du Syndicat de l’enseignement de l’Amiante (SEA) étaient aussi sur place. Rappelons que ce dernier avait réagi la semaine dernière à l’annonce de la réduction des services. « C’est maintenant pire que l’on pensait, ce sont tous les cours à L’Escale qui sont coupés. Ce n’est pas la faute du Centre de services scolaire des Appalaches (CSSA). Il se fait imposer une décision par le gouvernement. C’est la faute de la Coalition avenir Québec (CAQ) », a indiqué la présidente du SEA, Geneviève Fortier.

Le syndicat suit de près les actions afin de replacer les neuf enseignants touchés par la fermeture des classes de francisation. « Le CSSA fait effectivement des démarches et collabore avec nous. Toutefois, tout le monde ne pourra pas être replacé avec des contrats à temps plein, tout comme les élèves ne pourront pas tous poursuivre la francisation ailleurs. Il y a le Service aux entreprises au CFP Le Tremplin, mais ils n’y auront pas tous accès. Il n’y a pas non plus de services offerts par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration localement », a conclu Sébastien Jalbert, conseiller au SEA.

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