Singh bloquera les conservateurs et le Bloc tentant de faire tomber le gouvernement

OTTAWA — Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh signale que ses troupes s’opposeront à toute tentative des conservateurs et bloquistes de faire tomber le gouvernement.

Le Bloc québécois aide selon lui le chef conservateur Pierre Poilievre à pouvoir mettre la hache dans des programmes gouvernementaux qui viennent en aide aux Canadiens.

«Je ne vais pas laisser le Bloc ou le roi des coupures Pierre Poilievre décider quand on va déclencher une élection», a lancé mercredi M. Singh dans le foyer de la Chambre des communes.

Il a signifié cette fin de non-recevoir au lendemain de la fin de l’ultimatum donné par les bloquistes aux libéraux pour marchander leur appui au gouvernement minoritaire.

La formation souverainiste avait donné aux libéraux jusqu’à mardi pour faire adopter deux de ses projets de loi, l’un sur la protection de la gestion de l’offre et l’autre sur une hausse de la pension de la Sécurité de la vieillesse pour les aînés de 65 ans à 74 ans.

Ni l’un ni l’autre ne sont devenus loi.

Le Bloc a promis, au-delà de la date butoir, d’entamer des discussions avec les autres partis d’opposition pour faire tomber le gouvernement et déclencher des élections fédérales. Le leader parlementaire du Bloc, Alain Therrien, a donc fait parvenir mardi, à cet effet, une lettre à ses homologues conservateurs et néo-démocrates.

Or, pas question de «jouer le jeu» des bloquistes et conservateurs, a tranché mercredi M. Singh.

M. Therrien a aussitôt déclaré que les libéraux et néo-démocrates forment à nouveau un couple. À la période des questions, il a accusé le premier ministre Justin Trudeau d’abandonner les aînés «pour retourner avec son ex qui les avait sacrés là, le NPD».

«Il est revenu penaud vers un parti tellement déconnecté du Québec que son seul élu québécois se cherche désespérément une porte de sortie à la Ville de Montréal», a-t-il soutenu en faisant référence au député Alexandre Boulerice qui, selon certains médias, pourrait être intéressé à succéder à la mairesse sortante Valérie Plante.

M. Trudeau a riposté que «les Québécois vont s’inquiéter» de voir que les bloquistes et les conservateurs travaillent ensemble.

Pour que les partis d’opposition arrivent à renverser le gouvernement, ils doivent tous s’unir et voter contre le gouvernement dans une motion de censure.

Les conservateurs entendent utiliser chacune de leurs journées d’opposition restantes de l’automne pour déposer ce type de motion. Ils pourront compter sur l’appui des bloquiste si leur motion porte uniquement sur la défiance du gouvernement. Ils auraient toutefois besoin de l’aval des néo-démocrates également pour que leur tentative fonctionne.

Si les néo-démocrates promettent de s’opposer et d’ainsi voter avec les libéraux, ils pourraient voter contre le gouvernement dans un vote de confiance initié par ce dernier. Tout vote sur une question budgétaire est une question de confiance et les libéraux peuvent décider de faire d’autres votes des questions de confiance.

Une source néo-démocrate a apporté cette nuance à La Presse Canadienne. La source s’exprimait sous le couvert de l’anonymat puisqu’elle n’était pas autorisée à discuter de cet enjeu.

Un vote de confiance initié par les libéraux sur la hausse de l’impôt sur les gains en capital doit avoir lieu quand la paralysie parlementaire cessera. Un autre vote de confiance aura aussi lieu sur la mise à jour économique à venir.

«Les libéraux ne peuvent pas prendre pour acquis notre appui», a dit M. Singh.

Les travaux réguliers de la Chambre des communes sont sur la glace depuis des semaines puisque, à l’initiative des conservateurs, deux questions de privilège sont débattues et ont préséance sur tout le reste.

Les conservateurs disent vouloir forcer le gouvernement à rendre publics des documents demandés en comité et qui n’ont pas été communiqués. Or, le débat s’éternise et aucun vote sur ces deux questions de privilège n’a eu lieu pour clore la discussion-fleuve et passer à autre chose.