Ottawa se souvient de l’attentat du 22 octobre 2014 sur la colline du Parlement

OTTAWA — Ottawa a souligné mardi le 10e anniversaire de l’attaque terroriste sur la colline du Parlement, mais pour la famille du réserviste tué ce jour-là, le souvenir est toujours vivace.

«Je n’arrive pas à croire que ça fait 10 ans. J’ai l’impression que c’était hier», a déclaré Ephraim Cirillo, mardi matin, après la cérémonie familiale privée tenue au Monument commémoratif de guerre du Canada, à Ottawa.

Son cousin, le caporal Nathan Cirillo, âgé de 24 ans, a été abattu le 22 octobre 2014 alors qu’il montait la garde d’honneur devant la tombe du Soldat inconnu, au monument commémoratif.

Le tireur a également atteint le caporal Branden Stevenson, qui montait la garde avec le caporal Cirillo ce matin-là. Or, M. Stevenson était aussi l’un des meilleurs amis d’Ephraim Cirillo.

«C’était difficile d’apprendre que mon meilleur ami était également aux côtés (de Nathan)», a-t-il raconté mardi. «Mais c’était bon de savoir que Nathan avait Branden pour le réconforter dans ses derniers moments.»

Ephraim Cirillo a déclaré qu’il voulait que les gens se souviennent du courage de Nathan et de son amour pour sa famille. «Il était courageux, c’était un leader, un être humain incroyable (…) J’aurais aimé qu’il soit encore ici aujourd’hui», a-t-il dit.

Après avoir ciblé Nathan Cirillo, le tireur s’est dirigé vers la colline du Parlement et il est entré dans l’édifice du Centre, où il a tiré plusieurs coups de feu avant d’être abattu.

La fusillade dans l’édifice du Centre s’est produite dans le Hall d’honneur, alors que les députés conservateurs et néo-démocrates étaient réunis en caucus dans des salles environnantes pour leur réunion hebdomadaire. Elle a forcé le premier ministre de l’époque, Stephen Harper, et les députés à rester confinés pendant des heures. Elle a aussi mis en lumière les failles de sécurité au Parlement et sur la colline aux alentours.

Les députés ont observé une minute de silence mardi, à la Chambre des communes, après la période des questions, pour commémorer l’attaque d’Ottawa et une autre attaque terroriste qui a coûté la vie à l’adjudant Patrice Vincent, à Saint-Jean-sur-Richelieu, deux jours avant la fusillade sur la colline du Parlement.

Le premier ministre Justin Trudeau et le chef conservateur Pierre Poilievre ont tous deux prononcé des déclarations à l’occasion de cet anniversaire, mardi, tout comme le député du NPD Charlie Angus et le député du Bloc Louis Plamondon, tous deux présents sur la colline le jour de l’attaque.

Dans son discours, M. Trudeau a reconnu la présence dans la tribune de Samearn Son, un agent de sécurité de la colline du Parlement, en service aux portes d’entrée ce jour-là, qui a été blessé par balle à la jambe par le tireur. Les députés ont ovationné M. Son.

Pierre Poilievre a qualifié l’événement d’«attaque contre notre démocratie» et s’est rappelé avoir entendu le bruit des coups de feu depuis l’intérieur de la salle du caucus conservateur.

Charlie Angus a fondu en larmes en reconnaissant Alain Gervais, un agent de sécurité de la colline en 2014, qui s’était levé pour bloquer la porte à l’intérieur de la salle du caucus du NPD alors que des balles la frappaient de l’extérieur.

«Nous nous arrêtons pour nous souvenir d’une journée de traumatismes profonds et de violence, mais c’était aussi une journée d’héroïsme et de décence humaine», a souligné M. Angus.

Le député néo-démocrate s’est souvenu du lendemain matin de l’attaque, lorsqu’il est retourné à l’endroit où Nathan Cirillo avait été tué. «Il y avait déjà des centaines de personnes sur place. Elles étaient de tous les horizons. Je n’ai jamais oublié ce moment parce que je me suis dit que c’était ce que nous étions en tant que nation.»

S’exprimant en français, Louis Plamondon a déclaré que l’attaque avait été l’un des jours les plus sombres pour la colline du Parlement et a souligné qu’elle avait changé les choses à la Chambre des communes pour toujours.

La sécurité sur et autour de la colline a considérablement augmenté depuis, et le Service de protection parlementaire a été créé moins d’un an après l’attaque. Le service a fusionné les services de protection de la Chambre des communes et du Sénat en une seule entité, supervisée par un directeur qui est membre de la Gendarmerie royale du Canada.

La cheffe du Parti vert, Elizabeth May, a déclaré qu’il y avait encore des leçons à tirer de cette journée. «Il y a eu de l’héroïsme de tous côtés, de la bravoure, du courage et beaucoup de larmes, mais il n’y a jamais eu d’enquête», a-t-elle rappelé. «Il n’est jamais trop tard pour regarder avec un œil neuf ce qui s’est passé et en tirer des leçons.»