Nouveau directeur général à l’Observatoire national de l’amiante

Louis Laferrière a récemment pris la direction de l’Observatoire national de l’amiante (ONA), succédant à Annie Rochette, sa première directrice générale. Le Courrier Frontenac les a rencontrés pour aborder ce changement et les projets en cours.

Ancienne directrice de Coalia, Mme Rochette avait prévu de prendre sa retraite en décembre 2023. Cependant, l’annonce par le gouvernement du Québec en 2022 concernant la création de l’ONA au Cégep de Thetford a quelque peu retardé son projet. « J’ai accepté le mandat de la mise en place de l’observatoire jusqu’en mars 2024, mais le cégep m’avait demandé de prolonger un peu », a-t-elle expliqué.

Louis Laferrière a rejoint l’ONA en mars 2023 en tant que chercheur principal et a été impliqué dans le processus de mise en place de la structure. « Il a pris part à tous les premiers pas de l’observatoire, donc lorsque le moment de mon départ est arrivé et que le cégep a lancé le concours pour me remplacer, il était bien naturel que Louis soit choisi », a relaté Annie Rochette.

Elle a toutefois précisé qu’il s’agissait d’un choix réfléchi et unanime, car un comité de sélection rigoureux et impartial, composé de membres du conseil d’administration du Cégep de Thetford ainsi que de représentants de fonds de recherche et de ministères, avait été constitué dans le cadre de ce processus.

En plus d’être déjà impliqué dans l’ONA, l’engagement de Louis Laferrière dans le dossier de l’amiante a renforcé son intérêt pour ce poste. « J’y ai été impliqué à l’époque lorsque j’étais à la MRC des Appalaches [comme directeur général]. J’avais participé aux travaux du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement lorsque le souhait de la création d’un observatoire de l’amiante avait été mis de l’avant. Ce poste me permettait aussi d’utiliser mes compétences en gestion et en coordination et de mettre à contribution ce que je considère être mes principales forces pour continuer à faire avancer ce qui a été bâti jusqu’ici à l’ONA », a affirmé le nouveau directeur général.

MISE EN PLACE

L’Observatoire national de l’amiante, dont les bureaux sont situés dans les installations de l’Espace entrepreneuriat région de Thetford au centre-ville, a été créé en 2022. Cette entité de recherche est dédiée au développement des connaissances concernant les impacts de la mobilisation et de la valorisation des résidus miniers amiantés sur la santé, l’environnement et la qualité de vie des communautés.

L’année 2023 aura majoritairement servie à bâtir la structure de l’organisation. Un travail intensif s’est amorcé concernant le recrutement d’un comité scientifique, ainsi que la réflexion sur la programmation de recherche et son adoption. Cette programmation définit les orientations de l’organisation, notamment les sujets à explorer et à documenter.

Le tout premier colloque de l’ONA, organisé les 27 et 28 mars au Centre de congrès de Thetford sur le thème « Ensemble, dessinons l’avenir des régions amiantifères », a véritablement marqué le lancement de ses activités. L’événement avait pour objectif de mobiliser l’intérêt de la communauté scientifique, de la population locale et régionale, ainsi que des diverses parties prenantes.

« Il y a un gros travail qui a été fait au cours des deux dernières années et j’ai la chance d’arriver à la direction dans une étape où tout est bien assis et réfléchi, que ce soit avec le comité scientifique et les différentes parties prenantes. Les premiers résultats seront bientôt disponibles », a indiqué M. Laferrière.

DES PROJETS AMBITIEUX

Le premier rapport d’un projet visant la qualité de l’eau sera publié ce mois-ci. Mené par Francis Donati-Daoust, ce projet a été réalisé en partenariat avec des acteurs du milieu et la collaboration du Groupe de concertation des bassins versants de la zone Bécancour (GROBEC). Intitulé « Mesures et analyse de la stratification thermique des eaux des puits miniers ennoyés de la région de Thetford et Val-des-Sources », il vise à améliorer les connaissances sur la qualité de l’eau dans six puits ennoyés des anciennes mines d’amiante. 

« Pour plusieurs de ces mines, l’ennoiement est récent, soit depuis quelques années seulement et l’eau qu’elles contiennent est essentiellement d’origine souterraine. Pour d’autres mines, l’ennoiement a commencé il y a plusieurs dizaines d’années (25 à 100 ans) et les niveaux sont à l’équilibre, c’est-à-dire que ces mines présentent une surverse et sont reliées au réseau hydrographique de la région. L’ONA s’est intéressé à la qualité de l’eau de surface et a effectué une campagne d’échantillonnage à l’automne 2023 pour les puits des anciennes mines Lac d’amiante, British Canadian, King-Beaver, Nationale (Thetford), Boston (East Broughton) et Jeffrey (Val-des-Sources) », a expliqué M. Donati-Daoust par voie de communiqué.

Louis Laferrière, quant à lui, s’est concentré sur la qualité de l’air. Des collectes de données ont été effectuées afin d’améliorer les connaissances sur la dispersion de l’amiante dans l’air et les risques d’exposition dans diverses situations. « Ce sont des données que nous n’avions pas. Il y en a plusieurs prises par des entreprises en contexte de travaux, par exemple, mais le but est vraiment de générer un lot de données qui sera disponible à tous. Nous avons de belles collaborations dans ce projet, notamment avec la Ville de Thetford Mines, pour générer de l’information sur les niveaux d’exposition. » 

D’autres travaux sont en cours, dont un projet entourant l’acceptabilité sociale de la valorisation des résidus miniers amiantés afin de soutenir les communautés et les décideurs dans la manière de les valoriser. De plus, l’ONA collabore au projet de restauration de l’ancienne mine Frontenac à East Broughton. Rappelons qu’en début d’année, le gouvernement du Québec avait confirmé avoir confié à l’entreprise Les Sables Olimag le mandat de réaliser une étude de caractérisation géotechnique et environnementale en vue de la restauration de cette mine. Cette année, un plan de travail a également été mis en place pour collecter des informations sur la présence et l’utilisation des résidus miniers amiantés dans d’autres régions du monde.

Par ailleurs, un autre projet majeur en cours porte sur les impacts sur la santé. « Nous avons des connaissances qui sont très claires sur les impacts de l’amiante sur les maladies pulmonaires. Est-ce qu’il y a des maladies méconnues qui pourraient justement être liées à sa présence, pas forcément en milieu de travail, mais plus auprès de la communauté », a soutenu Annie Rochette.

L’ONA a lancé un appel à propositions à la communauté scientifique au cours des derniers mois, invitant à soumettre des projets de recherche répondant à des questions spécifiques identifiées comme nécessaires à la réalisation de sa programmation de recherche. Le programme TAARMAQ Express vise à développer une meilleure compréhension des normes appliquées pour la numération des fibres d’amiante présentes dans l’air, en se basant sur des connaissances théoriques et expérimentales et sur la comparaison des normes en vigueur.

Mme Rochette et M. Laferrière ont souligné que les attentes envers l’observatoire sont élevées. De nombreuses parties prenantes, qu’elles soient politiques, économiques ou communautaires, attendent des résultats, car l’enjeu est de taille. « Nous avons un devoir de livrer des résultats et c’est précisément ce sur quoi nous nous concentrons actuellement », a conclu le nouveau directeur général.