Un oiseau rare atterrit à l’Aéroport de Thetford
L’Aéroport de Thetford a accueilli la semaine dernière le DH-82C Tiger Moth portant l’immatriculation militaire #1259. Fabriqué en 1942 par l’avionneur De Havilland Canada et entreposé depuis 25 ans dans un hangar en Alberta, l’appareil, qui vient d’effectuer un périple de plus ou moins 4000 kilomètres, passera l’hiver dans les installations de l’entreprise Aéro 5 pour des travaux de maintenance.
Il a été acquis par le pilote Pierre-Alexandre Sénéchal, un résident de Québec. Le Courrier Frontenac a eu l’occasion de le rencontrer quelques minutes après l’atterrissage. « J’ai ressenti beaucoup de bonheur à bord. C’est un avion qui se vole bien. Il servait à la formation des pilotes militaires durant la Seconde Guerre mondiale. Il est assez simple à piloter, par contre, c’est un appareil avec une roue de queue au lieu d’avoir un train avant comme les Cesna modernes. Il est un peu plus difficile à faire atterrir ou à décoller, mais j’ai quand même assez d’expérience pour bien me débrouiller avec cela. »
Il a confié que cette acquisition est un coup de tête. « Il s’agit d’une décision émotive. J’ai vu ce modèle d’avion pour la première fois dans des revues et des livres alors que j’avais 13 ou 15 ans, puis j’ai eu un coup de cœur. On peut dire que c’est un coup de foudre que je viens de retrouver après 40 ans d’absence. Je me suis lancé dans l’aventure en l’achetant et en l’amenant ici », a mentionné celui qui a déjà travaillé chez Air Transat pendant plusieurs années et qui transporte aujourd’hui des patients à bord de l’avion-ambulance du gouvernement du Québec.
Pour réaliser ce long périple, il a fait appel à Alain Roberge, copropriétaire et mécanicien chez Aéro 5 dont les installations se trouvent sur le site de l’Aéroport de Thetford. Les deux hommes se connaissaient déjà puisque l’entretien d’un autre appareil appartenant à M. Sénéchal lui était déjà passé entre les mains.
Alain Roberge a volé à bord de l’appareil de Wetaskiwin jusqu’à Gatineau. « Nous sommes partis le 13 août dernier et nous sommes arrivés le 25 août en vue du rendez-vous aérien qui se tenait du 6 au 8 septembre. Nous aurions aimé être présents à celui de Thetford Mines, mais cela n’a pas été possible en raison des bris mécaniques », a-t-il raconté.
Le trajet aura nécessité une vingtaine d’arrêts. « Ce fut toute une aventure et une belle expérience de vie. Nous avons fait de belles rencontres à chaque escale. Mon ressenti est plus au niveau de l’histoire de cet avion et j’étais assis dedans. Je devais en prendre soin et le mener à bon port. C’était surtout cela mon travail. Je devais être attentif aux vibrations et au son du moteur. »
Alain Roberge a confié que cet appareil n’est pas très confortable. « Les bancs ont été conçus pour s’asseoir sur un parachute. Nous devions mettre des vêtements ou des sacs de couchage en dessous de nous pour être un peu mieux. De plus, le moteur a l’âge qu’il a et il fait beaucoup de bruit. Quant à la stabilité, c’est comme n’importe quel avion. »
Pour le copropriétaire d’Aéro 5 et les autres membres de l’équipe, la maintenance du Tiger Moth représente un beau défi. « Ça fait longtemps que je voulais travailler sur un avion historique. Je ne connais pas beaucoup de gens qui possèdent un appareil des années 1940-50 en toile et en bois, surtout avec son moteur d’origine. D’ailleurs, certaines pièces sont un peu plus rares. Nous devrons nous tourner vers l’Angleterre pour en trouver. »
La radio, installée à bord dans les années 1980, devra être remplacée, tout comme la balise de détresse qui n’est plus conforme aux règles en vigueur. Quelques petits ajustements ainsi que la vérification du moteur et des freins seront également nécessaires.
Pour le moment, Pierre-Alexandre Sénéchal n’a pas d’idée précise de ce qu’il fera avec son nouvel appareil. « Premièrement, je l’ai acquis pour m’amuser et pour partager ce plaisir à d’autres personnes. À moyen ou long terme, il va probablement servir à une organisation comme un musée pour proposer des tours d’avion et des baptêmes de l’air. De plus, beaucoup de pilotes prennent part les fins de semaine à des rendez-vous aériens à différents endroits. Il est possible que j’accompagne mes amis à l’occasion. »
Le Tiger Moth #1259 devrait être basé en période estivale à Saint-Lambert-de-Lauzon où se trouve une belle piste en gazon.