Un départ plus lent que prévu au Centre agroalimentaire des Appalaches
Le Centre agroalimentaire des Appalaches, situé dans le secteur Sacré-Cœur-de-Marie à Adstock, peine pour l’instant à attirer les producteurs et éleveurs locaux. Son modèle d’affaires initial, basé exclusivement sur la location des espaces, a été revu et demeure en évolution.
Le bâtiment a été inauguré en septembre de l’an dernier. Il a nécessité des investissements de plus de 3,1 millions $, principalement financés par des fonds publics. « Nous avons pris possession en août 2023 et obtenu notre permis d’opération en octobre. Nous avons facturé nos premiers clients en février 2024. Avant cela, nous avons participé à la fabrication de paniers de Noël pour la Fondation du CHU de Québec, en collaboration avec la Table agroalimentaire de Chaudière-Appalaches. Nous avons également travaillé sur le développement de produits. Nous sommes très attentifs et à l’écoute des besoins », a mentionné le directeur général Guy Poulin.
Depuis son ouverture, le centre, qui emploie deux cuisiniers à temps plein, a offert des services de transformation, vendu des produits et acheté des matières premières auprès d’entreprises des MRC des Appalaches, de Montmagny, de Bécancour, de Lotbinière, de Charlevoix, de La Nouvelle-Beauce et des Etchemins. Quatre entreprises louent également des espaces pour transformer leurs produits.
Malgré cela, le taux d’occupation des espaces demeure faible. « Sur les trois cuisines que nous possédons, nous n’en utilisons qu’une seule tous les jours. Nous avons encore de l’espace d’entreposage disponible, que ce soit pour les produits congelés ou frais », a ajouté M. Poulin.
Les premières démarches pour la création du centre ont commencé en 2009. Ce projet est le résultat d’un long processus de concertation impliquant la Municipalité d’Adstock, la MRC des Appalaches, le gouvernement du Québec, Desjardins et plusieurs autres partenaires locaux.
« Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts entre le moment où le besoin a été exprimé et la concrétisation du projet, a dit M. Poulin. Le montage du dossier, le financement et la réalisation ont pris une dizaine d’années. Les personnes intéressées à l’époque ont trouvé des alternatives. Je dois donc gérer le centre différemment de ce qui avait été envisagé initialement parce que ça ne cogne pas à la porte pour louer des espaces ici. Un éleveur ou un producteur qui s’occupe de son champ et de ses animaux le matin n’a pas nécessairement le réflexe de venir transformer ce qu’il produit dans l’après-midi. »
M. Poulin précise toutefois que le centre ne cherche pas non plus à concurrencer le secteur privé. « Nous devons être respectueux. Nous intervenons lorsque les producteurs ont des surplus, mais il est essentiel que nous atteignions l’autosuffisance financière. Je n’ai pas pris la direction pour demander des subventions chaque année. »
Actuellement, 80 % des revenus proviennent à parts égales de la transformation en sous-traitance et des produits fabriqués sur place, puis vendus à la Coopérative multiservice de Sacré-Cœur-de-Marie. À son arrivée en poste, le directeur général s’est fixé un objectif de trois ans pour atteindre l’autosuffisance financière. « Notre souhait serait d’occuper nos installations à 75 % de leur capacité afin de développer un produit phare qui serait vendu sous une marque privée. Par exemple, nous pourrions produire une charcuterie pour une entreprise de l’extérieur, ce qui permettrait d’utiliser nos locaux et équipements quelques jours par semaine. »
Au cours des derniers mois, des ateliers culinaires ont été offerts, puis une formation de 900 heures en boucherie de détail, en collaboration avec le Centre de formation professionnelle de l’Envolée de Montmagny, a été dispensée. « Le potentiel, l’actif et la capacité de production sont là. […] Nous devons faire connaître notre centre de transformation agroalimentaire », a conclu M. Poulin.