Deux Thetfordoises prendront part à la Diagonale des Fous
Les Thetfordoises Lisa-Marie Bilodeau et Cloé Jacques Côté s’envoleront le 11 octobre prochain pour participer au mythique Grand Raid de La Réunion, aussi appelé la « Diagonale des Fous ». Cet ultra-trail est considéré comme l’un des cinq plus difficiles au monde. Les participant(e)s doivent parcourir une distance de 100 km dans les montagnes avec un dénivelé de 5000 mètres.
Lisa-Marie et Cloé font partie d’une équipe de 26 courageux, principalement issus de la région de Victoriaville, qui soutiendront leur capitaine Samuel Saucier. Ce dernier prendra place dans une Joëlette, un fauteuil tout-terrain à une seule roue.
Samuel vit avec l’ataxie-télangiectasie, également appelée syndrome de Louis-Bar, une maladie rare qui touche un enfant sur 100 000. Cette condition affecte le cervelet qui contrôle l’équilibre, la motricité fine, le langage et la déglutition. À 30 ans, Samuel déjoue les pronostics médicaux, car on lui avait donné une espérance de vie de 15 à 20 ans.
« Participer à la Diagonale des Fous est un rêve d’Éric Sévellec, directeur du Réseau Autonomie Santé (RAS) de Victoriaville. Son organisme propose des activités de plein air et d’aventure inclusives. Il repousse toutes les barrières en jumelant des personnes ayant des limitations physiques ou en situation de handicap avec d’autres qui n’ont pas de difficultés de mobilité. D’ailleurs, transporter une personne à bord d’un appareil adapté ne s’est jamais fait au Grand Raid de La Réunion par une équipe nord-américaine », a mentionné Lisa-Marie au Courrier Frontenac.
Enseignante en éducation spécialisée au Cégep de Thetford, elle a rencontré Éric Sévellec par l’intermédiaire d’un collègue de travail. « Nous voulions intégrer la nature et l’aventure dans notre programme de formation. Nous avons été mis en contact avec lui et notre relation professionnelle s’est transformée en une amitié basée sur des rêves et des projets communs. Nous avons commencé à participer aux courses inclusives de son organisme et à rencontrer les gens qui y œuvrent. Un jour, après avoir eu l’opportunité de gravir le mont Ham avec un membre de son comité, il m’a contactée pour me demander si je souhaitais participer à cet événement. Je me suis dit que c’était une chance unique dans une vie. »
Lisa-Marie n’a pas eu de mal à convaincre son amie Cloé de se joindre à l’équipe, qui était toujours à la recherche d’autres participants. « J’étais en quête de sens dans mon sport. Après avoir eu mes trois enfants, je voulais reprendre la forme, mais je me demandais quels seraient mes objectifs. J’étais en pleine remise en question. Le projet de Lisa-Marie m’a semblé porteur de sens. Ce fut une grande décision familiale. Mon conjoint m’a beaucoup soutenue, car cela demande un investissement en temps », a confié Cloé, qui enseigne au primaire à l’école Saint-Noël.
Ce projet exige de nombreux sacrifices, comme l’a souligné Lisa-Marie. « Nous sommes très reconnaissantes de faire partie de cette aventure et nous éprouvons une grande gratitude. Cela demande toutefois un investissement financier, mais surtout en temps. Cloé et moi sommes mères de jeunes enfants, nous sommes en couple, nous avons un travail à temps plein, des activités et une vie déjà bien remplie. J’ai organisé mes entraînements pour qu’ils soient des moments en famille avec les enfants. Je vois la Diagonale des Fous aussi comme une opportunité de formation qui pourra me servir dans le cadre de mon travail. »
Pour se préparer physiquement et mentalement, les deux femmes passent beaucoup de temps sur le terrain, tant individuellement qu’en équipe. « Par exemple, lors de nos sorties en groupe, nous nous réveillons à 2 h du matin pour être au pied de la montagne une heure plus tard. Ensuite, nous faisons 11 heures de trail dans les bois, l’appareil sur nos épaules. Pour certains, c’est la lenteur qui est difficile. Après 6-7 heures dans la montagne, cela devient long. Pour d’autres, c’est tout ce temps en groupe qui est un défi. Nous avons fait appel à l’entreprise Ex Situ Expérience, spécialisée dans l’intervention psychosociale par la nature, l’aventure et le plein air, pour nous accompagner », a expliqué Lisa-Marie.
L’aventure sur les sentiers se déroulera du 17 au 20 octobre. Les représentantes de la région ne cachent pas leur impatience. « Je dirais que la fébrilité est présente depuis le jour où j’ai accepté de me joindre au groupe. Une fois là-bas, ce sera l’accomplissement de tout ce que nous aurons fait auparavant », a affirmé Cloé.
Normalement, les participants à la Diagonale des Fous réalisent le parcours sans s’arrêter. « Quant à nous, nous ferons le défi sur plusieurs jours. Nous aurons accès à des gîtes, puis l’équipe de logistique s’occupera de nous ravitailler. Nous leur faisons totalement confiance », a-t-elle ajouté.
Sur place, les membres du groupe seront confrontés à tous types d’environnements. « Nous pouvons passer de 30 degrés avec un humidex élevé à 0 degré en haut d’une montagne. De plus, il y a un volcan et beaucoup de dénivelé avec des pentes très abruptes. C’est ce que nous allons vivre », a précisé Lisa-Marie.
Le budget pour participer à cette grande aventure a été fixé à 140 000 $ afin de couvrir les frais pour l’ensemble du groupe. Au moment d’écrire ces lignes, il restait environ 32 000 $ à récolter.
Les Thetfordoises croient que leur expérience permettra de faire rayonner la région et de sensibiliser les citoyens. « Chaque fois que je participe à une course inclusive, je remercie le Réseau Autonomie Santé, car c’est grâce à ses membres que je peux le faire. D’un autre côté, je sais très bien que la personne assise dans sa chaise adaptée peut réaliser le parcours grâce à moi. Nous avons vraiment une interdépendance », a dit Lisa-Marie.
Elles espèrent que le modèle implanté à Victoriaville pourra un jour être reproduit à Thetford Mines. « Nous avons déjà tout ce qu’il faut au niveau des organismes communautaires. De plus, la MRC des Appalaches souhaite rendre le plein air plus accessible, et de notre côté, nous y amenons des gens qui n’en feraient pas autrement. Nous pensons que tout est en place pour rendre la région plus inclusive », a conclu Lisa-Marie Bilodeau.