Réduction du nombre d’heures pour le transport adapté dans la MRC des Appalaches
La MRC des Appalaches a décidé de réduire son nombre d’heures disponibles pour offrir le service de transport adapté aux utilisateurs demeurant dans les municipalités rurales de son territoire. La hausse des coûts en est la principale raison.
À partir du mois de septembre, les quelque 168 membres de Transport adapté de la région de Thetford visés par les changements apportés pourront se déplacer uniquement du lundi au vendredi entre 7 h et 9 h 30, entre 11 h et 13 h, puis entre 14 h 30 et 18 h. Actuellement, le service est offert sur demande sept jours par semaine, et ce, jusqu’à 20 h.
À noter que ces modifications n’affectent aucunement la procédure en vigueur pour les usagers qui résident à Thetford Mines puisqu’il s’agit de deux plans de transport séparés. Cela concerne ceux des municipalités suivantes : Adstock, Beaulac-Garthby, Disraeli, Paroisse de Disraeli, East Broughton, Irlande, Kinnear’s Mills, Sacré-Cœur-de-Jésus, Sainte-Clotilde-de-Beauce, Sainte-Praxède, Saint-Adrien-d’Irlande, Saint-Fortunat, Saint-Jacques-de-Leeds, Saint-Jacques-le-Majeur, Saint-Jean-de-Brébeuf, Saint-Joseph-de-Coleraine, Saint-Julien et Saint-Pierre-de-Broughton.
« Nous nous dirigeons vers 40 heures de service par semaine, alors qu’en ce moment, il n’y a pratiquement pas de limite. Il y a eu une explosion des coûts et des demandes. En milieu rural, nous sommes plus vulnérables à cela parce qu’il y a des distances importantes à franchir », a mentionné au Courrier Frontenac le directeur général de la MRC des Appalaches, Rick Lavergne.
Il a précisé que la quote-part des municipalités pour le transport adapté est passée de 40 000 $ à 200 000 $ par année. L’augmentation des coûts de transport, l’ajout d’une trentaine de nouveaux membres, le vieillissement de la flotte de véhicules, le désengagement de certains acteurs et la multiplication des activités sur le territoire seraient notamment en cause.
« Si nous ne faisons rien, ça va encore augmenter. Nous étions quasiment rendus un service de taxi par autobus et cela coûtait des fortunes. Nous devons optimiser nos routes afin que nos véhicules ne soient pas à moitié vides. Nous cherchons à établir une bonne logistique de transport. »
M. Lavergne a expliqué que son organisation se dirige davantage vers un service de transport collectif. « Nous travaillerons sur plusieurs fronts. Nous tenterons de voir avec ceux qui fixent des rendez-vous, dont le milieu de la santé et celui de l’éducation, s’ils sont capables d’ajuster leurs heures pour s’arrimer avec les nôtres. »
En date du 22 mars, la MRC des Appalaches avait identifié 28 utilisateurs qui seraient éventuellement impactés par cette nouvelle façon de faire. « Par contre, nous n’appliquons pas les changements immédiatement. Nous voulons nous donner du temps. Transport adapté de la région de Thetford a le mandat de s’asseoir avec eux afin de voir comment on peut trouver des solutions individualisées », a-t-il dit.
Précisons toutefois que le plan de transport modifié est déjà effectif pour les nouveaux utilisateurs qui demeurent dans les municipalités rurales. « Nous regardons si nous pouvons les placer dans nos routes sinon nous ne leur offrons pas le service tout de suite. Pour les membres actuels, ça ira au cours de l’été. Nous visons le 3 septembre. Nous faisons cela de façon très humaine », a soutenu Rick Lavergne.
Il reconnaît que le plus gros enjeu est l’arrêt du service la fin de semaine. « Cela demande peut-être un partenariat. Il y a aussi les rendez-vous santé qui devront être examinés. Je pense que le transport bénévole peut jouer un rôle accru là-dedans. Ce sont des changements de pratique qui seront bouleversants peut-être pour des situations personnelles, mais nous sommes là pour aider les gens à trouver des solutions. »
UNE DÉCISION DÉCEVANTE
La directrice du Regroupement des personnes handicapées physiques de la région de Thetford, Marylène Therrien, a qualifié de triste la décision prise par la MRC des Appalaches. À son avis, le service de transport adapté sur le territoire ne s’améliore pas. Elle déplore le fait qu’il n’y a pas eu de consultation à ce sujet. « La personne qui a un rendez-vous médical à 14 h devra attendre longtemps avant de pouvoir retourner chez elle. Avant, c’était sur appel. Je trouve aussi dommage le fait qu’il n’y aura plus de service la fin de semaine. Les utilisateurs pouvaient aller voir un spectacle ou encore se déplacer pour une fête familiale ou des funérailles. Cela veut donc dire qu’ils ne pourront plus sortir. »
Pour Marylène Therrien, l’idée d’avoir recours à du transport bénévole est irréaliste. « Pour une personne vivant avec une déficience intellectuelle et qui demeure à Irlande, il est possible de trouver un bénévole dans son village afin de la transporter, mais s’il s’agit d’une personne en fauteuil roulant motorisé, c’est une autre histoire. »
La directrice du regroupement ne croit pas non plus à l’idée d’adapter les heures de rendez-vous à ceux du transport adapté. « C’est déjà compliqué d’en obtenir. Tu sais à quelle heure tu arrives, mais pas quand tu pars. Je ne pense pas qu’ils peuvent fixer des rendez-vous à des personnes en fauteuil roulant en fonction de l’horaire du transport. Ce n’est pas très réaliste. Chaque personne a des réalités différentes. »
Marylène Therrien déplore également la stratégie de déploiement du nouveau plan de transport. « Si nous avons deux personnes dans la même résidence à Disraeli, un ancien et un nouveau membre, cela veut dire que le chauffeur pourra en prendre un tout de suite, tandis que l’autre personne devra attendre pour cadrer avec les nouvelles heures? Je pense que la MRC aurait intérêt à tout mettre en place en même temps afin d’aviser tout le monde et de le faire correctement. »
Enfin, elle ne doute aucunement qu’il y a des coûts rattachés au service de transport adapté, mais elle croit que des alternatives pour les réduire sont possibles. « C’est sûr que si tu envoies un autobus à Adstock pour une seule personne, ça coûte plus cher que si tu prends une minifourgonnette. Ces véhicules devront éventuellement être remplacés. À mon avis, il y aurait eu moyen d’en discuter. »
À lire : Transport adapté : des répercussions pour la clientèle de l’Association Renaissance des Appalaches