Une nomination qui touche au cœur pour Nady Larchet

Nady Larchet était l’une des trois finalistes au titre d’artiste de l’année en Chaudière-Appalaches dans le cadre de l’édition 2022 du gala des Prix d’excellence des arts et de la culture qui se tenait le 28 novembre dernier. Établie dans la région depuis 2016, l’artiste multidisciplinaire qui demeure à Sainte-Clotilde-de-Beauce se disait fière d’avoir été considérée pour ce prix.

« Je n’avais pas vraiment d’attente. Seulement d’être sélectionnée en compagnie de deux autres femmes ayant des carrières extraordinaires, à ce stade-ci de la mienne, c’était de l’ordre du surréaliste pour moi, a raconté Nady Larchet en entretien avec le Courrier Frontenac. C’est une belle reconnaissance qui touche au cœur. Les artistes, nous sommes des spécialistes de la remise en question continuelle, donc une tape dans le dos comme celle-ci ça nous encourage à poursuivre. On se dit que ce qu’on fait est pertinent pour notre milieu et les gens qui côtoient notre création. »

Les Prix d’excellence des arts et de la culture honorent depuis 35 ans des professionnels, des organismes et des travailleurs ainsi que des entreprises et des mécènes dont l’œuvre et le travail ont contribué de façon exceptionnelle à l’essor culturel des régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches. Soulignons que c’est l’écrivaine Mélissa Verreault de Lévis qui a remporté le prix pour la Chaudière-Appalaches cette année.

ENTRE ARTS SONORES, NUMÉRIQUES ET ÉLECTRONIQUES

Native de Fermont sur la Côte-Nord, Nady Larchet s’est par la suite établie à Montréal pendant une dizaine d’années. C’est l’envie de retourner vivre en région qui l’a amenée en Beauce. « Mon père est déménagé à Saint-Georges et en le visitant, je suis tombée en amour avec la région. Après quelques années à Saint-Joseph et ensuite à Saint-Jules, je suis maintenant établie à Sainte-Clotilde et j’adore ça. Au niveau culturel, c’est un beau terrain de jeu puisqu’il y a encore beaucoup à faire. »

L’artiste multidisciplinaire travaille en art sonore, à cheval entre la musique et les arts visuels, et ce, à l’aide de différents médiums. Ses œuvres prennent forme dans plusieurs amalgames tels que l’installation ou la composition sonore, qu’elles soient contrôlées ou autogénérées. S’ajoutent l’exploration et la maîtrise de l’image fixe et en mouvement dont les paramètres de composition peuvent être choisis, générés par des algorithmes ou interactifs à leur environnement.

« Je joue beaucoup avec l’électronique et l’interactivité. Je suis un peu comme une artiste geek. Ce qui m’anime, c’est mon rapport au monde. Il y a aussi l’observation des failles de nos systèmes politiques et sociaux. Je ne préconise pas le beau, mais plutôt l’inconfortable afin de retransmettre mon inconfort personnel par rapport à certains enjeux. Ma démarche est très anthropologique en plus d’être technologique. Il y a toujours un regard critique sur notre monde hyper connecté », a-t-elle expliqué.

LdYPdC (Loin des Yeux Près du Corps)

Parmi ses projets marquants, il y a LdYPdC (Loin des Yeux Près du Corps), une installation performative où elle a robotisé un orchestre musical qui s’autodétruisait en fonction de la mesure des polluants atmosphériques. Ce projet s’intéressait au rapport physique et psychique face à l’enjeu de la qualité de l’air et de la pollution atmosphérique.

Membre du Centre d’artistes en art audio et électronique Avatar, l’artiste a exposé dans la dernière année au Festival international de musique actuelle de Victoriaville. En plus de résidences, elle a un projet prévu avec le Musée national des beaux-arts du Québec et le Musée de la civilisation prochainement. Une exposition est aussi prévue à Saint-Georges l’automne prochain.

LE DÉVELOPPEMENT CULTUREL À COEUR

Nady Larchet adore s’impliquer et contribuer au développement culturel de la région. Elle est notamment cofondatrice d’EXEcentrer, un organisme voué à la production, à la diffusion et à la médiation en arts médiatiques et numériques en Chaudière-Appalaches. Celui-ci a vu le jour en 2021.

« Quand j’ai annoncé à mes collègues montréalais que je déménageais en Beauce, pour eux, cela n’avait aucun sens parce qu’ils disaient qu’au niveau culturel, il n’y a rien. Je leur ai dit que c’est justement là qu’il faut aller pour lancer des projets. Je viens d’une région où il n’y avait aucune infrastructure culturelle et où l’acceptabilité sociale d’être une artiste était même remise en question. J’ai commencé à m’impliquer quand je suis arrivée à Montréal et c’est là que j’ai appris la gestion d’organismes culturels. De partager cela ici, c’est donner les outils aux jeunes artistes pour qu’ils puissent faire ce qu’ils aiment, là où ils ont envie d’être. Le rayonnement d’une région passe aussi par la culture, donc y contribuer en participant à des projets de développement, c’est vraiment important pour moi », a-t-elle conclu.

Pour en apprendre davantage sur l’artiste, visitez son site Web au nadylarchet.com.