Roger Demers subit son procès
Le procès de Roger Demers s’est amorcé le lundi 3 mai et s’est poursuivi aujourd’hui (mardi) au palais de justice de Thetford Mines. L’homme d’affaires est accusé d’agression sexuelle et d’attouchements sur une fille âgée de moins de 18 ans.
Les gestes qui lui sont reprochés seraient survenus entre septembre 2017 et janvier 2018. Les accusations avaient été portées le 26 juin 2018 à la suite d’une enquête effectuée par les sergents-détectives du Service de police de Thetford Mines.
Le procès, qui est présidé par le juge Christian Boulet, a commencé lundi avec le témoignage de la plaignante. Selon son récit, elle aurait contacté l’accusé afin de recevoir un « coaching » puisqu’elle avait plusieurs projets entrepreneuriaux et elle croyait que M. Demers pourrait lui « apporter beaucoup de conseils » et des « trucs pour aller plus loin dans la vie ».
La majorité des entretiens aurait eu lieu dans le bureau de l’homme d’affaires thetfordois. Au total, il y aurait eu entre cinq et dix rencontres durant chacune entre une et deux heures. D’après la plaignante, leurs conversations tournaient autour des relations de celle-ci avec sa famille, ses amis et son copain de l’époque, ainsi que de ses choix de vie, de ses projets et de l’argent. Elle lui aurait parlé du fait qu’elle aurait aimé lancer une marque de vêtements et Roger Demers lui aurait plutôt proposé d’aller vers une marque de lingerie.
Sentir son cœur
Dès les premières rencontres, l’accusé lui aurait « touché le cœur » pour faire des « transferts d’énergie ». Il aurait d’abord mis sa main par-dessus son chandail et, par la suite, en dessous sur sa poitrine et sur son sein, disant qu’il « ne sentait pas bien son cœur ». Ce geste se serait produit à plusieurs reprises au fil des rendez-vous.
Il lui aurait aussi demandé de lever son chandail et de baisser un peu son pantalon sur le côté pour voir la couleur de ses sous-vêtements. Il lui aurait dit que c’est « important de bien choisir ses sous-vêtements » pour « se sentir femme » et aurait affirmé être prêt à lui en acheter. Il lui aurait également demandé de porter une robe, ce qu’elle aurait fait lors de la plupart des autres entretiens.
Questionnée par la procureure de la Couronne Me Valérie Lahaie à savoir si elle avait eu des réactions, la plaignante a affirmé qu’elle n’en avait eu aucune et qu’elle aurait « figé ».
Roger Demers lui aurait de plus fait visiter un garage où se trouvait sa collection de voitures. Alors que l’adolescente tenait sa robe en s’asseyant dans un véhicule, il lui aurait fait la remarque que ce n’était pas grave s’il voyait ses petites culottes « puisqu’il les avait déjà vues ». En plus de répéter les mêmes gestes, soit la main sur le cœur sous ses vêtements, l’accusé aurait dit à l’adolescente que les autos la faisaient « vibrer », que son cœur battait rapidement et que cela la faisait « jouir ».
Lors de leur dernière rencontre, Roger Demers aurait mis sa main entre les deux jambes de la présumée victime, sur ses parties intimes, par-dessus ses vêtements. C’est après cela qu’elle aurait décidé d’arrêter de le voir, réalisant que ce qui se passait n’était pas « normal ».
Elle aurait porté plainte à la police quelques semaines plus tard.
Suite du procès
Lors du contre-interrogatoire mené par l’une des avocates de la défense, Me Marie-Ève Landreville, cette dernière a tenté de soulever plusieurs contradictions dans le témoignage de la plaignante au sujet notamment des présumés gestes posés et du fil des événements. Il a également été question de sa relation conflictuelle avec ses parents.
Le deuxième témoin entendu était la mère de la présumée victime. Elle a raconté comment son conjoint et elle avaient fait la connaissance de Roger Demers à son commerce. C’est lors d’une conversation au sujet des enfants du couple que l’homme aurait proposé ses services afin d’aider l’adolescente. La mère a avoué avoir sauté sur l’occasion puisqu’elle se « sentait en confiance » et elle jugeait que sa fille serait « privilégiée » de recevoir les conseils de l’homme d’affaires.
Notons que l’accusé est aussi représenté par Me Caroline Gravel et Me Claudia Chabot.
Le procès doit se poursuivre mercredi et jeudi.
Avec la collaboration de Jean-Hugo Savard